Il devait avoir lieu le 2 avril 2013. Reporté, le procès après cassation de l’affaire Khalifa Bank s’est finalement ouvert ce lundi 4 mai, au tribunal criminel de Blida. S’étant pourvus en cassation à l’encontre du jugement prononcé par la même instance à l’issue du premier procès en janvier 2007, pas moins de 75 prévenus seront ainsi rejugés. Plus de 400 personnes devront être également entendues, pour la deuxième fois, comme témoins. Des victimes et la partie civile sont également concernées par ce procès.
Condamné par contumace en 2007, Abdelmoumène Khalifa, patron du défunt groupe éponyme et principal mis en cause dans cette affaire, est cette fois présent. Ce procès après cassation, faut-il le souligner, risque toutefois de ne pas lever le voile sur tous les mystères entourant ce gros scandale puisque le tribunal criminel se conformera au premier arrêt de renvoi et Abdelmoumène Khalifa ne compte vraisemblablement pas, à en croire des sources concordantes, jeter en pâture de hautes personnalités.
Cette journée d’ouverture d’un procès qui va, sans doute, s’étaler sur plusieurs semaines, voire des mois, a été marquée par l’absence de nombreux témoins, et pas des moindres, parmi les quelques 400 concernés. Il s’agit notamment, d’après les mêmes sources, du ministre des Finances de l’époque, ancien ministre des Affaires étrangères et actuel président du Conseil constitutionnel, Mourad Medelci, l’ex-ministre des Finances Karim Djoudi, le ministre du Travail au moment des faits et ancien patron du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Bouguerra Soltani, le patron de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Abdelmadjid Sidi-Saï, l’ancien et actuel ministre de l’Habitat, Abdelmadjid Tebboune, le président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua ainsi que le puissant homme d’affaires, Mahieddine Tahkout, entre autres.
En 2007, lors du premier procès, le même tribunal avait, faut-il le rappeler, condamné par contumace dix inculpés, dont Abdelmoumène Khalifa, à perpétuité. Des peines d’emprisonnement allant d’une année à vingt ans ont également été prononcées contre d’autres accusés, tandis qu’une cinquantaine de personnes avaient été innocentées.
L’affaire avait éclaté suite à la découverte par la Banque d’Algérie d’un trou financier de 3,2 milliards de DA de la caisse principale de Khalifa Bank. Suite à quoi, Abdelmoumène Khalifa s’est réfugié au Royaume-Uni en 2003, avant d’être arrêté par les autorités britanniques en mars 2007, en application d’un mandat d’arrêt européen délivré par le tribunal de grande instance de Nanterre, près de Paris. En décembre 2013, il a été extradé du Royaume-Uni et remis aux autorités algérienne.