Emprisonné à Alger, Rafik Khalifa va être jugé à Nanterre, en France. Alors que les regards sont braqués sur le plus célèbre détenu algérien, l’ancien golden boy, Rafik-Abdelmoumen Khalifa, et l’issue de son affaire algérienne, c’est donc à Nanterre, en France que l’autre procès de l’homme d’affaires s’ouvre ce lundi.
A la différence du procès algérien, le volet français de l’affaire Khalifa concerne notamment dissimulation d’actifs et détournements de fonds. En plus de l’homme d’affaires lui-même, qui sera absent du procès car incarcéré à Alger, dix autres personnes sont poursuivies, dont son ex-femme Nadia Amirouchen, un notaire, des anciens représentants de l’entreprise en France ainsi qu’un constructeur et équipementier aéronautique. Ils sont accusés d’avoir, au moment de la déconfiture du groupe en 2003, dissimulé un certain nombre d’actifs, notamment trois avions d’une valeur de 5,5 millions d’euros, une douzaine de voitures de luxe, une villa à Cannes de 35 millions d’euros où l’ancien golden boy organisait de somptueuses réceptions avec Gérard Depardieu, Catherine Deneuve, Sting et Bono, rapporte l’AFP.
Alors que l’homme d’affaires atteignait, en Algérie, les cimes de la gloire, ses affaires en France fleurissaient. Avec des complicités françaises, Moumen Khalifa s’était même permis le luxe d’installer, en France, beaucoup de ses filiales, notamment la télévision et une société de location de véhicules. Pis, l’homme d’affaires s’était donné la possibilité de sponsoriser l’olympique de Marseille, l’un des clubs les plus prestigieux du championnat de France. Mais tout cela n’a duré que le temps d’un rêve, puisque au début de l’année 2003, l’empire Khalifa chute brutalement et entraîne, avec lui, toutes ses affaires, y compris celles de France.
Fait étrange : le procès français de Khalifa s’ouvre à un moment où l’affaire est de nouveau sous silence en Algérie. Après son extradition d’Angleterre en décembre 2013, Moumen Khalifa croupit dans la prison d’El-Harrach en attendant un hypothétique procès. Saura-t-on, un jour, la vérité ? Difficile à croire !
Lors de son premier procès, tenu en 2007, Khalifa avait été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Mais son procès devra être refait maintenant qu’il a été extradé.
Essaïd Wakli