«C’est une activité illégale, certes, mais je ne vois pas d’inconvénient à ce qu’elle soit éradiquée ou qu’elle soit maintenue. C’est un problème mineur ». La phrase n’émane pas d’un trafiquant de devises, ni d’un jeune versé dans l’informel. Elle a été prononcée, vendredi à Alger, par le ministre de l’Intérieur Daho Ould-Kablia qui venait de présider à Alger, en présence du Premier ministre Abdelmalek Sellal, une réunion avec les responsables de l’administration locale.
Interrogé sur l’incapacité des autorités à mettre fin au marché informel des devises, le ministre de l’Intérieur en effet, donné une réponse qui a surpris plus d’un. « Il est facile d’éradiquer le marché noir de la devise en une seule journée. Mais le citoyen y trouve son compte tant qu’il n’existe pas de bureaux de change », a-t-il répondu sans détour. Puis, le ministre a indiqué que les personnes qui versent dans ce créneau sont connus. « Pour les autorités, nous connaissons très bien ces personnes qui alimentent le marché informel de la devise », a-t-il avoué.
Pourquoi laisse-ton faire ? Le ministre de l’Intérieur ne semble pas avoir saisi la gravité de ses propos. Puisque, en plus du manque de volonté politique, le membre du gouvernement, chargé de l’application des lois de la République, se permet non seulement de déclarer que l’Etat ne peut pas mettre fin à une telle anarchie, mais il avoue même que les autorités connaissent les gens qui alimentent le marché informel de devises. Un comble.
Pourtant, ce sont les services de l’Etat qui exigent de chaque citoyen la présentation de documents de changes dès qu’ils traversent les frontières du pays. Pourquoi une telle procédure ? Pourquoi ne pas autoriser l’ouverture de bureaux de changes ? Seul Ould-Kablia a une réponse à cette question.
Essaïd Wakli