Algérie : quand l’immunité parlementaire nourrit l’abus de pouvoir

Redaction

Une nouvelle agression. Un nouveau scandale. Une députée a osé, au nom de l’immunité parlementaire, gifler une avocate devant le tribunal d’Annaba.

Le fait aurait pu passer inaperçu. Mais la vigilance de certains journalistes, alertés par des militants politiques, a fait sortir cette information, qui aurait pu finir dans les colonnes des faits divers vite oubliés, au grand public.

Le fait est donc suffisamment grave pour susciter des réactions des militants des droits de l’Homme et déclencher la désapprobation d’une partie de l’opinion publique. Parce qu’il faut le dire avec autant de clarté que d’avantage de fermeté : Si la bonne députée n’a pas usé des avantages de sa fonction (« j’ai l’immunité », disait-elle), il n’y aurait qu’un banal litige qui pourrait être réglé dans un petit bureau de l’inspection de travail.

Au-delà de cette affaire, il s’agit d’évoquer ici la problématique de l’immunité parlementaire. Car, au nom de cette disposition qui permet aux parlementaires de se munir d’un parapluie leur évitant toute poursuite judiciaire pendant leur mandat, même s’ils commettent des actes de violences.

Dans un passé récent, des cas de meurtres, dont sont rendus coupables des députés, ont été portés sur la scène publique. Des députés ont tué des citoyens. Ils n’ont jamais été poursuivis, même au terme de leur mandat. Certains se sont même fait élire comme élus locaux. Ils sont devenus intouchables ! Même lors que la levée de l’immunité parlementaire a été réclamée, elle n’a jamais été suivie d’effet.

Des voix se sont élevées, depuis, pour réclamer la suppression de l’immunité parlementaire et limiter son champs d’application aux seuls actes politiques que le parlementaire est appelé à accomplir. Pour le reste, il ne faut surtout pas que ceux qui sont sensés protéger les citoyens en deviennent ses premiers agresseurs.

Essaid Wakli

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