Algérie : vers la création d’un FIS-bis ?

Redaction

Le régime algérien prépare-t-il le retour du Front islamique du salut ? Si aucunes dispositions légales n’autorisent une telle option, de récentes déclarations des responsables islamistes laissent entendre qu’un deal est en cours entre le pouvoir (ou une partie de celui-ci) et d’anciens responsables du parti islamiste dissous.

L’ancien chef de l’armée Islamique du Salut, Madani Mezrag, et l’ancien dirigeant du parti salafiste, El-Hachemi Sahnouni, sont les deux hommes politiques qui seraient chargés de discuter ce deal. Les deux hommes occupent depuis quelque temps l’espace médiatique, et ont notamment annoncé un « congrès » des anciens responsables du FIS (dissous en mars 1992). La rencontre a pour objectif de permettre aux chefs islamistes, officiellement bannis de la vie politique, de revenir au-devant de la scène nationale en toute légalité. Les deux activistes n’ont pas précisé la nature de leurs activités ni, surtout, la contrepartie qu’ils ont accepté d’offrir au pouvoir. Sont-ils prêts à renoncer au rêve d’une République islamique ? Rien n’est moins sûr. Surtout que des responsables autrement plus influents de la mouvance salafiste, à l’image de Ali Benhadj et Abassi Madani, rejettent l’offre du pouvoir, estimant que cette initiative vise avant tout à les domestiquer.

D’autres anciens dirigeants du parti dissous, comme Ahmed Merani, ne croient pas à une telle option. Pour l’ancien Ministre des Affaires religieuses, le retour du FIS est une « utopie ». Pourtant, le pouvoir n’est pas le seul à courtiser les responsables du parti dissous. Les forces de l’opposition discutent, elles aussi, avec ces hommes laissés mis au bac de la politique algérienne pendant deux décennies. Ali Benflis a été le premier à ouvrir ses portes à Boukhamkham et Ali Djedi, deux anciennes figures du FIS, afin de les enrôler dans sa campagne lors de la dernière élection présidentielle. Puis, les membres de la Coordination nationale pour les libertés et une transition démocratique ont, eux aussi, discuté avec les deux hommes en tant que « personnalités nationales ».

Les dirigeants du FIS sont-ils devenus à nouveau fréquentables ? La question est posée. Mais on sait depuis longtemps qu’en déposant les armes en 1997, les Mezrag and co se sont certainement vu promettre un avenir politique. Et c’est probablement ce processus qui est aujourd’hui sur le point d’aboutir.

Essaïd Wakli

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