Mehdi Benaissa, le directeur de la chaîne de télévision KBC, propriété du groupe arabophone El Khabar, et Ryad Hartouf, responsable de production de l’émission Nass Stah ont été placés, ce vendredi 24 juin, sous mandat de dépôt par le juge d’instruction du tribunal de Sidi M’hamed à Alger. Reporters Sans Frontières (RSF) s’indigne de cette nouvelle atteinte à l’indépendance de KBC et demande leur remise en liberté.
Après avoir été entendus par le procureur le 24 juin en fin de journée, Mehdi Benaissa, directeur de la chaîne de télévision KBC du groupe El Khabar, et Ryad Hartouf, responsable de la production de l’émission Nass Stah, ont été placés sous mandat de dépôt par le juge d’instruction du tribunal de Sidi M’hamed (Alger), pour “fausses déclarations” à propos des autorisations de tournage obtenues par la chaîne KBC pour l’émission Nass Stah. Mounia Nedjaï, cadre au ministère de la Culture, a aussi été inculpée pour “complicité” d’abus de fonction.
“Emprisonner les responsables de KBC est incompréhensible et inadmissible, déclare Yasmine Kacha, responsable du bureau Afrique du Nord de RSF. Les professionnels des médias sont censés bénéficier des récentes dispositions constitutionnelles en matière de liberté de la presse qui annulent toute peine privative de liberté à leur encontre. De plus, ce type de litige aurait du être traité dans un premier temps par l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (ARAV), mise en place le 20 juin dernier.”
Selon les dispositions du code pénal algérien, les responsables de la télévision risquent jusqu’à 3 ans de prison et et de 20.000 à 100.000 dinars d’amende (165 à 820 euros). La peine prévue pour la responsable du ministère de la Culture peut elle aller de 2 à 10 ans de prison et de 200.000 à un million de dinars d’amende (1600 à 8200 euros), selon la loi relative à la prévention et à la lutte contre la corruption de 2006.
Dimanche 26 juin, les avocats du groupe El Khabar ont fait appel de la décision de justice auprès de la chambre d’accusation dans l’espoir d’obtenir une libération provisoire ou à défaut la mise sous contrôle judiciaire.
Pour rappel, le jeudi 23 juin 2016, l’enregistrement de l’émission satirique Ness Stah (quotidienne pendant le mois du ramadan) de la chaîne KBC, propriété du groupe de presse arabophone El Khabar, a été arrêté en plein tournage par la gendarmerie nationale. RSF a dénoncé le 24 juin les atteintes au journalisme indépendant en Algérie et exprimé sa solidarité avec les journalistes.
L’Algérie occupe la 129e place sur 180 dans le Classement 2016 de la liberté de la presse, publié par RSF.