Ali Benflis, une alternative sérieuse ou de la poudre aux yeux ?

Redaction

Une bonne partie de la presse quotidienne de dimanche 29 septembre a titré sur la présence de l’ancien Premier ministre, Ali Benflis, à une rencontre en hommage au grand avocat disparu, Amar Bentoumi. Jusque-là, l’information n’a rien d’extraordinaire. Elle relève même de ces manies propres aux journalistes qui consistent à faire d’une petite rencontre un événement important.

De cette rencontre, pourtant dédiée à un grand homme, des confrères n’ont tiré qu’une phrase : «je vais vous faire une déclaration importante dans les prochains jours », dit l’ancien Premier ministre de Abdelaziz Bouteflika (on l’oublie souvent). Pour certains, Benflis aurait dit qu’il « se prononcera très prochainement » au sujet des élections présidentielles de 2014.

Au-delà du style, souvent propre aux « Ex » une question vient à l’esprit : Ali Benflis est-il à ce point incontournable au point d’épier à chacune de ses sorties ? Est-il une alternative sérieuse au pouvoir en place alors qu’il en était un des zélés serviteurs ?

Une petite rétrospective sur la vie du personnage peut probablement donner des idées à ceux qui veulent vendre l’idée d’un messie qui viendra sauver l’Algérie des mains de Bouteflika.

Comme tous les anciens « serviteurs » du parti unique, Ali Benflis avait été utilisé, durant les années 1980, pour casser la Ligue algérienne pour la Défense des Droits de l’Homme. L’avocat avait été chargé de créer la Ligue algérienne des Droits de l’Homme, alors contrôlée par le pouvoir. Cela lui a valu d’être nommé quelques années plus tard, au début des années 1990, comme ministre de la Justice.

Plus récemment encore, les mauvaises langues prêtent à Ali Benflis un rôle dans l’affaire Khalifa. Et plus politiquement, l’homme avait un rôle très important dans le système mis en place par Abdelaziz Bouteflika dès son arrivée au pouvoir en 1999. Ali Benflis était d’abord Directeur de campagne, chef de cabinet de la présidence de la République puis Premier ministre pendant 3 ans. Seules les ambitions de l’enfant de Batna avaient conduit à son divorce d’avance Abdelaziz Bouteflika. Pis, pendant sa présence à la chefferie du gouvernement, Ali Benflis était derrière, notamment, l’interdiction des marches dans la capitale suite à la marche des citoyens de Kabylie le 14 juin 2001.

Depuis son échec à l’élection présidentielle de 2004, Ali Benflis s’est muré dans un silence incroyablement troublant. Ni déclaration, ni prise de position… l’homme attendait simplement son « heure ». C’est apparemment son seul mérite.

Si l’ancien chef du gouvernement a parfaitement le droit de se présenter à l’élection présidentielle, personne n’a le droit de le présenter un homme du passif comme un homme d’avenir. Pour le reste, la liberté de chacun doit être respectée !

Essaïd Wakli