Après plus de 50 ans de règne à la tête du plus vieux parti de l’opposition en Algérie, le vieux militant Hocine Aït-Ahmed, a annoncé, vendredi, son retrait de la vie politique. L’homme ne briguera pas la présidence de son parti, le FFS, dont le Congrès se tiendra au second trimestre 2013, en retard de plus d’une année sur les délais réglementaires et statutaires.
L’information, la deuxième du genre après celle de Saïd Sadi, va certainement susciter des réactions. Certains vont saluer un «grand démocrate», tandis que, d’autres, diront que le retrait est logique en vue de ce qu’Aït-Ahmed lui-même appelle « les cycles de la vie ». Car, cette annonce, qui ne fait en vérité aucun mystère pour ceux qui connaissent le FFS, appelle une interrogation somme toute logique : Hocine Aït-Ahmed renoncera-t-il à son poste s’il n’était pas rattrapé par « le temps » ?
En vérité, l’annonce de retrait de Hocine Aït-Ahmed n’a rien d’un scoop. Si elle n’a jamais été rendue publique, la « retraite » effective du Zaïm a commencé depuis plusieurs mois déjà. Des indiscrétions ont commencé à filtrer dès l’annonce de la nomination, à l’automne 2011, d’Ali Laskri comme premier secrétaire national du FFS.
Dès lors, les cadres du parti avaient compris que le chef historique du parti ne pouvait pas rentrer au pays pour présider à la tenue, à la même période, du Congrès du parti. Ce rendez-vous organique avait été remplacé, dans l’urgence, par une «Convention nationale » et une « conférence des cadres ». Puis, Aït-Ahmed disparait de la circulation. Ceux qui ont attendu une apparition de sa part, lors de la préparation des élections législatives, en ont eu pour leur garde. Le chef ne pipe mot. Mieux, des sources plus au moins au fait des arcanes du vieux parti commencent à parler de la succession de Aït-Ahmed. Un nom –un seul- revient avec insistance : Ahmed Djedaï. Cette thèse est confortée par l’absence du nom du médecin urologue des listes du parti pour les Législatives. A Alger, où Djedaï a l’habitude de se présenter, l’homme a été remplacé par l’avocat Mostefa Bouchachi qui, malgré sa proximité avec le parti, n’a jamais été réellement militant du FFS.
Il est vrai que l’hypothèse Djedaï devient de plus en plus difficile à envisager. D’autres cadres, et pas des moindres, commencent à s’agiter. A l’instant où elles ont senti que le chef s’éloignait de plus en plus des cercles de décisions, des personnalités aussi charismatiques que Djamel Zenati ou Mustapha Bouhadef commencent à se positionner. A un certain moment, ces deux hommes, un temps associés avec Karim Tabbou avant que ce dernier ne décide de tracer seul sa destiné, ont même brandi la possibilité de « redresser » le parti en dehors de l’actuelle direction. Parmi toutes les options qui se présentent, une seule question est posée par les militants : le FFS, déjà très affaibli, survivra-t-il à son Zaïm ?
Essaïd Wakli