Après avoir longtemps pesé ses mots lorsqu’il s’agissait de Bouteflika, Louisa Hanoune est sortie de ses gongs. Dans une interview accordée, ce jeudi, au quotidien El Watan, la secrétaire générale du Parti des Travailleurs a estimé, en effet, que Bouteflika n’a pas tenu ses engagements. «Concernant la réforme politique, jusque-là il ne les a pas tenus. C’est clair.», a affirmé Mme Hanoune. «Nous disons qu’il doit les tenir. Cela s’appelle le respect du mandat », ajoutera encore la députée.
Si elle refuse de faire un lien direct avec le chef de l’Etat, Louisa Hanoune s’en prend vertement à des hommes d’affaires proches du cercle présidentiel, notamment Ali Haddad qu’elle ne cite pas nommément. Elle accuse le FCE de vouloir créer un « Etat parallèle » et met en garde contre la volonté de « mobarakisation » de l’Algérie. « Au départ, Moubarak avait fait des choses intéressantes, mais les dix dernières années de son règne, la mafia s’est accaparée des centres de décision économique, ensuite politique. C’est cela qui est à l’origine de la tragédie égyptienne», a-t-elle rappelé avant de préciser: «nous assistons au même processus suscité de l’intérieur même des institutions».
« On n’a jamais vu cela : le président d’une organisation patronale qui fait la tournée des ministères où il donne des orientations ! Il annonce l’ouverture de tous les secteurs, y compris l’énergie. Cela veut dire que l’article 17 de la Constitution doit être abrogé ou au moins violé », accuse la pasionaria du Parti des travailleurs.
Interpellée sur le fait que le chef de l’État ne fait rien pour mettre fin à cette situation, Louisa Hanoune se dit « incapable de répondre ».
Ces déclarations sont inhabituelles de la part d’une femme politique qui n’a pas cessé d’encenser le chef de l’État, tout en s’attaquant à ses proches. S’agit-il d’un changement de politique ou tout juste d’un coup de gueule ?
E. Wakli