Exclusif. Assassinat déjoué sur le Président Bouteflika ?/ Ce qui s’est passé exactement dans la nuit du 16 au 17 juillet à la résidence de Zéralda

Redaction

C’est l’une des affaires les plus sombres de ces dernières années. Dans la nuit du 16 au 17 juillet 2015, des coups de feu ont été entendus dans les alentours de la résidence présidentielle de Zéralda, là où loge Abdelaziz Bouteflika depuis la détérioration de son état de santé. 

Un incident mystérieux qui donnera rapidement naissance aux rumeurs les plus folles. Quelques jours plus tard, certains titres de la presse nationale parlent volontiers d’un attentat déjoué contre le président Abdelaziz Bouteflika. L’Algérie s’enflamme, mais les autorités demeurent silencieuses et laissent faire les spéculations. Cette affaire va occuper les esprits pendant tout l’été 2015.

La Présidence de la République avait réagi rapidement en adoptant des sanctions très lourdes dans les rangs de la Garde républicaine, dirigée par le général-major Ahmed Mouley Melliani, et de la Direction générale de la sécurité et de la protection présidentielle (DGSPP), qui relevait du général Djamel Kehal Medjdoub. Les deux généraux ont été limogés, mais seul Medjdoub a été traduit en justice. Mais que s’est-il passé exactement cette nuit du 16 au 17 juillet à la Résidence de Zéralda ?

Longtemps étouffée, la vérité sort enfin au grand jour. En réalité, il ne s’agit nullement d’une quelconque tentative d’assassinat sur la personne d’Abdelaziz Bouteflika. L’auteur de ces coups de feu est le lieutenant Karim Benmesbah. Ce dernier, membre de la garde présidentielle, a escaladé un mûr de la résidence pour tirer sur deux à trois inconnus qui rôdaient autour de la forêt jouxtant la résidence présidentielle. Les coups de feu ont suscité un énorme mouvement de panique dans toute la résidence.

Les conclusions de l’enquête de la gendarmerie ont confirmé que les balles tirées proviennent de l’arme du lieutenant Karim Benmesbah. Toutes les douilles   ont été récupérées par les enquêteurs de la gendarmerie nationale sur le lieu de l’incident. Une expertise balistique a démontré également que l’impact sur le gilet pare-balles du lieutenant Karim Benmesbah provient également de son arme. Les gendarmes ont même retrouvé une boite à outils appartenant à ce lieutenant dans le périmètre de la résidence présidentielle.

Le lieutenant Karim Benmesbah avait-il prévu de s’en prendre à Abdelaziz Bouteflika ? Non, loin s’en faut ! Ce même membre de la garde présidentielle avait confié devant les juges du tribunal militaire de Blida qu’il avait agi ainsi par fureur, frustration et désespoir. Il avait réclamé une promotion, un avancement en grade. Un vœu qui lui a été refusé. Devant les juges, il a reconnu que son acte est « isolé ». Personne ne lui avait intimé l’ordre de préparer un quelconque projet d’assassinat. Les enquêteurs de la gendarmerie nationale ont confirmé cette hypothèse et aucune tentative d’assassinat n’a été pointée du doigt.

Le tribunal militaire de Blida a condamné au début le lieutenant Karim Benmesbah à 3 ans de prison ferme. Le tribunal militaire de Constantine réduit ensuite cette peine de moitié. Le lieutenant ne fera que 15 mois de prison ferme. Le 1er décembre 2016, Karim Benmesbah retrouve sa liberté dans la discrétion totale. L’affaire est close et le dossier est fermé.

Mais que devient le général-major, Djamel Kehal Medjdoub, l’ancien patron de la DGSPP ? Il écoule ses jours dans sa maison à Moretti. Contrairement à ce que affirmaient les rumeurs, il n’a pas été chassé de la Résidence d’Etat de Club des Pins. Le général-major vit presque complètement retiré et s’occupe de son épouse très malade depuis l’éclatement de cette affaire qui a fortement ébranlé sa famille. Natif de El Milia, la wilaya de Jijel, le général Djamel Kehal Medjdoub demeure fidèle à ses habitudes : une discrétion absolue.