Depuis 1992, il dénonce sans relâche ceux qui ont usurpé le statut de moudjahid. Parce qu’il refuse de se taire, Benyoucef Mellouk est harcelé par des délinquants et menacés de mort.
« Les menaces ont commencé en 1992, lorsque j’ai fait éclater l’affaire des magistrats faussaires. Mais aujourd’hui, elles sont de plus en plus graves« , dénonce Mellouk, que nous avons joint par téléphone.
L’ancien fonctionnaire au service des affaires sociales et du contentieux du Ministère de la Justice raconte qu’il est harcelé par des groupes de voyous, connus des services de police, qui tiennent le siège devant son domicile à Blida en scandant des slogans hostiles. « Nous sommes avec le pouvoir, vive Bouteflika », crient par exemple les délinquants.
« Ces menaces et ces humiliations ont un impact direct sur ma vie. Ils s’en prennent à mon domicile, à ma famille, à mes enfants », souligne Mellouk. Et il ne peut même pas compter sur les forces de l’ordre pour empêcher ce harcèlement. Lorsqu’il est allé porter plainte auprès du commissariat de police de Blida, le commissaire s’est montré particulièrement hostile. « On enquêtera quand tu auras été assassiné », lui a-t-il signalé, répétant cette menace plusieurs fois.
Asile politique
Un autre jour, Mellouk a appelé la police à 3 H 30 du matin pour qu’elle vienne déloger les voyous qui empêchaient les voisins de dormir. « Lorsque les 2 officiers de police sont arrivés sur place, ils se sont dérobés, et ne sont pas intervenus. Et quelques minutes après, je les ai vus discuter avec les délinquants qu’ils devaient déloger », dénonce encore Mellouk.
Lire notre entretien avec Benyoucef Mellouk (2 juillet 2014)
Infatigable, Mellouk n’est pas prêt de se taire. Lorsqu’on lui demande s’il envisage de se refugier à l’étranger, il affirme qu’il ne quittera pas l’Algérie. « Trois pays m’ont proposé l’asile politique : la France, la Suisse et l’Allemagne. Mais j’ai refusé, je ne veux pas quitter mon pays. Je n’ai pas peur, je resterai en Algérie et je me battrai jusqu’à ma mort pour que la vérité éclate », assure-t-il.
« Pour me faire taire, il faudra me mettre des balles dans la tête », conclut-il, déterminé.