Les violences tribales qui ont éclaté depuis mercredi à Bordj Badji Mohtar, située à l’extrême sud de la wilaya d’Adrar, à plus de 2200 Km de la capitale Alger, continuent à faire couler beaucoup d’encre.
Jusqu’à l’heure actuelle, les tensions sont vives et les affrontements qui ont opposé des touaregs aux arabes, les deux principales communauté habitant la région, risquent de reprendre à n’importe quel moment. Les causes principales de ces violences tribales ne sont pas encore identifiées avec exactitude. Chaque source locale donne une version de faits qui est contredite ou contestée plus tard par une autre source.
Au regard de l’éloignement de cette région et de sa proximité avec la frontière malienne, un foyer de tension, il demeure difficile de vérifier les informations qui nous parviennent de Bordj Badji Mokhtar. Cependant, chaque camp rejette sur l’autre la responsabilité dans le déclenchement de ces affrontements dont le bilan n’est encore que provisoire. On parle d’au moins 6 morts et d’une centaine de blessés. Des combats au sabre ont opposé mercredi et jeudi des habitants arabes à des résidents touarègues.
Mais pour le Mouvement National de Libération de l’Azawad, un mouvement politique fondé et animé par des militants indépendantistes touaregs au nord du Mali, tout près de la frontière algérienne, ce sont les autorités algériennes qui sont responsables du pourrissement de la situation à Bordj Badji Mokhtar. Pis encore, dans un communiqué rendu public jeudi après-midi, ce mouvement touareg a porté de graves accusations contre l’Algérie. Un responsable de ce mouvement est cité vendredi par El Watan Week-end :
Ce sont des populations de réfugiés qui s’affrontent et les autorités algériennes laissent faire volontairement, elles auraient mêmes soutenu la communauté arabe. Quand les Touaregs sont allés demander de l’aide à la gendarmerie avant-hier, les Algériens ont répondu d’aller demander à la France et au Burkina Faso.
Les autorités algériennes ont-elles donc réellement soutenu les arabes contre les touaregs ? Difficile de répondre à cette question car rien ne permet, à ce stade des événements, d’assimiler la passivité des services de sécurité algériens à une complicité avec une quelconque partie impliquée dans ce conflit tribal. En plus, d’autres sources régionales assurent que l’armée algérienne s’est mobilisée jeudi pour quadriller la ville, surveiller les frontières, afin de mettre un terme aux affrontements. Les forces militaires algériennes auraient réussi à stopper les pillages et les saccages. Mais, encore une fois, il faudra attendre les prochaines heures pour savoir si le le calme est réellement revenu dans la région.
De son côté, l’APS a reconnu qu’un calme précaire règne actuellement sur la ville frontalière de Bordj Badji Mokhtar. « Le déploiement des forces antiémeutes à travers les points névralgiques de la ville a contribué à une normalisation progressive de la situation et un calme précaire règne actuellement », souligne en dernier lieu cette source officielle.