Au moment où l’Algérie entière vivait au rythme de la ferveur du mondial brésilien et de la joie procurée par les performances des Fennecs, au sommet du pouvoir, des manœuvres politiciennes lèvent le voile sur une nouvelle guerre froide larvée qui risque d’aggraver les tensions politiques en Algérie d’ici la prochaine rentrée sociale.
Et cette fois-ci, ce n’est plus le traditionnel conflit Présidence Vs hauts officiers du DRS, le service de renseignement algérien, qui agite l’échiquier politique. Non, les divisions commencent à miner le célèbre « camp présidentiel » et ses alliés dans l’establishment militaire. Et pas n’importe quel allié. Le courant ne passe plus effectivement entre le vice-ministre de la Défense nationale, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire, le général de corps d’Armée, Ahmed Gaïd Salah, et Abdelaziz Bouteflika et ses proches conseillers, a-t-on appris de sources militaires
L’homme fort de l’armée se sent depuis quelques semaines écarté par « les Bouteflika » qui n’apprécient plus « ses attitudes autoritaires » au sein de l’Etat-Major de l’armée algérienne. Mieux encore, nos sources expliquent, qu’Ahmed Gaïd Salah s’est cru définitivement en position de force après la réélection de Bouteflika pour un 4è mandat successif. « Il a voulu s’arroger des pouvoirs élargis au détriment de plusieurs autres décideurs militaires. Et pour justifier cette posture, il n’a pas cessé de répéter à l’envi que sans lui, Bouteflika n’aurait jamais pu obtenir son 4è mandat », indique encore une source bien informée. Mais l’ambition et la soif de pouvoir de Gaïd Salah n’ont pas été du goût d’Abdelaziz Bouteflika et ses alliés qui ont décidé d’opérer des manoeuvres pour rappeler à l’ordre le chef d’état-major. « Aujourd’hui, à la Présidence, on envisage sérieusement d’écarter Gaïd Salah en préparant intelligemment sa mise à la retraite », révèle encore notre source selon laquelle Bouteflika et son frère et proche conseiller, Said, ont fait savoir qu’ils ne veulent pas d’un « Sissi Algérien ». L’avertissement est donc clair et net.
Et cette mise à l’écart d’Ahmed Gaïd Salah a, semble-t-il, commencé par ce projet de créer une haute instance sécuritaire qui devra chapeauter tous les services de sécurité et de renseignements algériens. Ce projet, pour le moment, n’a pas encore dépassé l’étape de la réflexion. Ceci dit, il pourrait avancer très vite à la prochaine rentrée sociale d’autant plus qu’un nom a d’ores et déjà été évoqué pour diriger cette future instance, une sorte de nouveau haut conseil de sécurité, qui devra prendre plusieurs prérogatives, dont jouit actuellement l’Etat-Major de l’armée algérienne. Si les contours de ce projet stratégique ne sont pas encore précis, il n’en demeure pas moins qu’il inquiète fortement Ahmed Gaïd Salah lequel a peur de se retrouver en position de danger une fois que ce nouveau projet abouti. « Ce sentiment de peur ne cesse de s’accentuer chez Gaïd Salah depuis que Saïd Bouteflika refuse de répondre à ses appels au téléphone », nous apprend notre source selon laquelle ce coup de froid entre les Bouteflika et Ahmed Gaïd Salah dure depuis plus d’une semaine.
Il est à souligner enfin que la nouvelle instance sécuritaire envisagée par la Présidence devrait être confiée à un autre général major. Le général Ben Ali Ben Ali, 72 ans, l’actuel chef de la Vè région militaire. Ce général bénéficie davantage de la confiance de Bouteflika qu’Ahmed Gaïd Salah. Il pourrait donc se retrouver à la tête d’une nouvelle instance hyper-puissante. Mais va-t-il pousser pour autant l’actuel chef d’état-major à la retraite ? L’avenir nous le dira…