Carnage à Laghouat : Paris plus soucieuse des familles des victimes qu’Alger

Redaction

L’accident le plus meurtrier cette année est survenu mardi dernier sur un tronçon de la RN 23 situé entre les villes de Laghouat et d’Aflou, dans le sud du pays. Le bilan officiel de la Protection civile, confirmé auprès du chargé de la communication de ce corps paramilitaire, le lieutenant-colonel Farouk Achour, fait état de 17 morts et 27 blessés.

Quant aux circonstances exactes de ce drame qui endeuille des centaines de familles, voire le pays entier, à la veille de la fête de l’Aïd el Adha, selon le président de la commission d’enquête spécialisée mise en place à cet effet par la Gendarmerie nationale, le Colonel Griche, cité par l’APS, «l’accident s’est produit suite au dépassement d’un tracteur par l’autocar en question (de marque Daewoo, assurant la desserte Oran-Adrar) , avant d’entrer en collision avec un minibus de type (Coaster) (de marque Toyota, assurant la desserte Laghouat-Aflou) roulant sur sa voie réglementaire ». Le colonel de la Gendarmerie nationale a souligné que « ce témoignage sera pris en considération s’il conforte les conclusions de la commission technique ».

« Selon le même responsable(…) le chauffeur (33 ans) de l’autocar de marque (Daewoo) assurant la ligne Oran-Adrar, impliqué dans cet accident où il a été légèrement blessé, est actuellement détenu par les services de la gendarmerie nationale, sur instruction du parquet général », a-t-il ajouté.

Durant le premier semestre de l’année en cours, la Protection civile a effectué 56 749 intervention suite à des accidents de la route, selon les statistiques avance par le lieutenant-colonel Farouk Achour. Ces accidents ont provoqué la mort de 1117 personnes et la blessure de 36 760 autres « sur les lieux du drame », c’est-à-dire avant leur évacuation à l’hôpital. Donc le bilan macabre est, fort probablement, à revoir à la hausse.

Avec des bilans macabres effarants, l’Algérie est classée ces dernières années aux premières loges des pays où les accidents de la route tuent le plus.

Si le drame de Laghouat rappelle cette réalité amère, il est également l’occasion de rappeler aux pouvoir publics leur échec dans l’endiguement de ce fléau qui endeuille quotidiennement plusieurs familles algériennes. Pire encore, ce drame rappelle aussi que les officiels algériens ne daignent même pas présenter leurs condoléances aux familles des victimes. Quand ils le font, ils le font en retard. Ce qui suscite chez le citoyen algérien des interrogations et des doutes, somme toute légitime, quant à la sincérité de la compassion affichée par ses gouvernants. Le drame de Laghouat conforte justement le citoyen dans ses doutes. En l’absence du Président, le Premier ministre Abdelmalek Sellal, n’a présenté ses condoléances « en son nom et au nom de son gouvernement» que 48 heures après le tragique accident. Soit 24 heures après que la « France », via son ministères des Affaires étrangères, a exprimé ses condoléances aux proches des victimes. « Dans ces circonstances douloureuses, elle (France, ndlr) assure les autorités et le peuple algériens de sa solidarité », pouvait-on lire dans un message de condoléances posté sur le site du Quai d’Orsay au lendemain du tragique accident, soit la veille du message de Sellal sur sa page Facebook. S’il n’y avait pas eu les condoléances de la France, Sellal aurait-il présenté celle de son gouvernement ? Un gouvernement qui présente ses condoléances à ses concitoyens touchés par un accident meurtrier très en retard peut-il mener une politique de sécurité routière efficace ? Les statistiques macabres des accidents de la circulation malgré toutes les mesures annoncés par les gouvernements successifs ces dernières années sont éloquentes en la matière.

Yacine Omar

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