Chakib Khelil, Américain ou pas ? La diplomatie américaine s’abrite derrière la « vie personnelle»

Redaction

La nationalité de Chakib Khelil serait-elle un secret d’Etat ? A priori non. Ce dernier, inquiété par l’affaire de corruption de Sonatrach, dit lui-même qu’il ne se dérobera pas face aux reproches de la justice algérienne. L’ex-ministre répète même qu’il n’est qu’un Algérien prêt à répondre aux accusations, et qu’il ne se cachera pas derrière une nationalité américaine qu’il n’a jamais eue.

Américain ou pas ? C’est une question fondamentale dans ce scandale de corruption d’envergure internationale. La nationalité de l’ex-ministre mis en cause peut-elle avoir un impact sur la décision de la justice algérienne de lancer un mandat d’arrêt à son encontre ? Oui, sans hésitation. Dans cette affaore, si Chakib Khelil est américain, il ne peut être soumis à une procédure d’extradition, puisqu’aucun accord n’existe entre les Etats-Unis et l’Algérie. Sa femme et ses enfants qui sont des citoyens américains devraient ainsi échapper à cette procédure d’arrestation. En revanche, si Chakib Khelil n’est qu’algérien, son sort sera tout autre.

Contactée par Algérie-Focus, une source anonyme de l’Ambassade américaine à Alger, a indiqué qu’elle ne pouvait livrer aucune information au sujet de la nationalité de Chakib Khelil, au nom du Privacy Act de 1974, qui protège toute donnée personnelle des citoyens américains mais aussi des étrangers résidents permanents légaux aux Etats-Unis. « Ce n’est pas à nous de vous parler de la nationalité de M. Chakib Khelil, nous devons respecter le Privacy Act », nous indique-t-on à l’Ambassade américaine. Ainsi, la source ne dément ni ne confirme les informations parues jusqu’ici. Notons en outre que les Etats-Unis n’ont pour l’heure fait aucune déclaration au sujet de cette affaire qui concerne pourtant ses ressortissants, et à minima des résidents américains. « Nous sommes conscients des rapports de presse indiquant le lancement d’un mandat d’arrêt, en Algérie, contre Chakib Khelil », explique-t-on à l’Ambassade américaine. Et d’ajouter, « nous vous renvoyons au ministère de la Justice algérien pour obtenir des informations. »  Concernant une éventuelle collaboration entre les autorités américaines et l’Algérie dans cette affaire, même silence : « le gouvernement américain ne fait aucun commentaire sur les demandes spécifiques d’assistance aux services d’application de la loi que nous aurions reçu ou pas », explique enfin la même source.

A ce stade, rien n’empêche Chakib Khelil de répondre de ses actes devant la justice algérienne. Il  l’a d’ailleurs lui-même indiqué dans une interview accordée au quotidien arabophone Echorouk : « je ne détiens pas la citoyenneté américaine, ni aucune autre nationalité, je porte la nationalité algérienne et je voyage avec mon passeport algérien », alors que l’on lui reprochait de profiter de sa résidence aux Etats-Unis pour échapper à la justice. « Je suis prêt à me rendre en Algérie, à n’importe quel moment, et à répondre aux services de la justice algérienne mais à une seule condition : que le procès se déroule en conformité avec les procédures légales », avait encore assuré l’ex-ministre au quotidien El Bilad.