Reporters sans frontières (RSF) a critiqué la présence de l’Algérie, représentée par le ministère des Affaires étrangères algérien, Ramtane Lamamra, à la marche républicaine, organisée dimanche 11 janvier à Paris à la mémoire des victimes de la tuerie de Charlie Hebdo. Ils ne sont pas les seuls.
Que faisait Ramtane Lamamra, ministre des Affaire étrangères algériens, dans le cortège officiel, regroupant une quarantaine de chefs de gouvernement et d’Etat, conduit par le président français François Hollande à Paris dimanche 11 janvier ? Cette question brûle plusieurs lèvres. Dans un communiqué diffusé au moment de la marche républicaine, Reporters sans frontières (RSF) s’est indigné de la présence de « régimes prédateurs de la liberté d’expression » où les « journalistes et les blogueurs sont systématiquement brimés ». Et de citer l’Egypte, la Russie, les Emirats arabes unis ainsi que l’Algérie. Des pays qui figurent en fin de peloton du classement mondial de la liberté de la presse, publié annuellement par RSF. En 2014, l’Algérie était classée à la 118è place seulement.
« Nous devons nous montrer solidaires de Charlie sans oublier tous les Charlie du monde. Il serait intolérable que des représentants d’Etats étrangers qui réduisent les journalistes au silence dans leurs pays profitent de l’émotion pour tenter d’améliorer leur image internationale. Il est à craindre que, de retour dans leurs pays, ces manifestants officiels continuent leurs politiques répressives. Nous ne devons pas laisser les prédateurs de la liberté de la presse cracher sur les tombes de Charlie Hebdo », a taclé Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières.
Polémique : « Je ne suis pas Ramtane Lamamra »
L’ONG de défense de liberté de la presse n’est pas la seule à penser que l’Algérie n’avait rien à faire à la marche républicaine, organisée dimanche à Paris. En Algérie aussi, la présence de Ramtane Lamamra a été raillé mais pour d’autres raisons. Sur les réseaux sociaux, les internautes algériens ont appelé le ministre des Affaires étrangères à renoncer à marcher aux côtés des représentants du gouvernement israélien, responsables du massacre sur la bande de Gaza cet été, au cours duquel 2.104 Palestiniens ont été tués, selon l’ONU.
En vain. Ramtane Lamamra a bien marché à quelques mètres du Premier ministre Benyamin Netanyahu, au premier rang du cortège, et du ministre des Affaires étrangères israélien Avigdor Liberman, porteurs d’un discours raciste anti-arabe. Les internautes algériens ont alors tenu à se démarquer du gouvernement algérien. Des hashtags « Je ne suis pas Ramtane Lamamra » et #l’algérienemarchepasavecisrael ont ainsi été utilisés sur Facebook.
Pour rappel, la marche républicaine organisée hier au nom de la lutte contre le terrorisme et pour la liberté d’expression, suite à la tuerie au siège de la rédaction du journal satirique Charlie Hebdo, a rassemblé plus d’un million de manifestants dans les rues de la capitale et plus de 3 millions dans tout l’hexagone. Un record historique en France.