La chute vertigineuse des prix du pétrole a fait réagir le Président Bouteflika. Ce dernier a réuni mardi soir un conseil des ministres restreint autour de ce sujet qui préoccupe les acteurs économiques et politiques algériens. Lorsqu’on sait que l’Algérie tire 95% de sa recette extérieure du pétrole, qui représente également 60% de sa fiscalité, on comprend l’extrême préoccupation des autorités à ce sujet.
Abdelaziz Bouteflika, entouré du vice-ministre de la Défense, du gouverneur de la Banque d’Algérie et de six ministres du secteur économique (Budget, Energie, Industrie, Finances, Commerce, Agriculture), a tenu un conseil des ministres au cours duquel, il a déclaré « face à cette inquiétante crise, l’Algérie dispose d’une certaine marge de manœuvre résultant d’un désendettement public anticipé quasi-total ». Cette marge de manœuvre découle, toujours selon le président « des réserves de change constituées, ainsi que de l’épargne publique accumulée au niveau du Fonds de régulation des recettes ».
Par ailleurs, le projet de budget 2015 adopté par le Parlement en novembre, dans un contexte tendu marqué toujours par la chute des cours du pétrole, n’a pas été remis en cause. Le chef de l’État a tout de même qualifié la crise pétrolière de « sévère », sans remettre en cause son programme quinquennal s’élevant à 250 milliards de dollars, ou la politique d’investissement publics, levier de croissance et de la création d’emplois.
Au terme de ce conseil des ministres, un communiqué de la présidence de la République a été rendu public :
« M. Abdelaziz Bouteflika, Président de la République a réuni ce jour 23 Décembre, un Conseil restreint consacré aux développements enregistrés par le marché pétrolier international et leurs retombées sur la démarche économique et sociale du pays.
Ont pris part à cette réunion, MM. le Premier Ministre, le Ministre d’Etat Directeur de Cabinet de la Présidence de la République, le Vice Ministre de la Défense Nationale, Chef d’Etat Major de l’ANP, les Ministres des Finances, de l’Energie, de l’Industrie et des Mines, du Commerce, de l’Agriculture, le Ministre délégué au Budget, le Gouverneur de la Banque d’Algérie et le Conseiller Economique de M. le Président de la République.
A cette occasion, des exposés ont été présentés par MM. les Ministres de l’Energie et des Finances. M. Le Premier Ministre a exposé les recommandations dégagées par le Gouvernement pour faire face à la situation actuelle.
A l’issue du débat qui s’en est suivi, M. le Président de la République a d’abord relevé que la crise actuelle des prix du pétrole est sévère, avec des perspectives imprévisibles à court terme. Aussi, le Gouvernement est chargé d’en assurer un suivi permanent et d’examiner, trimestriellement, sous la direction du Premier Ministre, toute adaptation qui s’avérerait nécessaire dans la gestion économique et budgétaire.
Le Chef de l’Etat a souligné aussi que face à cette inquiétante crise, l’Algérie dispose d’une certaine marge de manœuvre résultant d’un désendettement public anticipé quasi-total, des réserves de change constituées, ainsi que de l’épargne publique accumulée au niveau du Fonds de Régulation des Recettes.
Le Président Abdelaziz Bouteflika a instruit le Gouvernement d’exclure toute remise en cause de la politique d’investissements publics qui demeure le moteur de la croissance et de la création d’emplois et qui permet aussi de répondre aux besoins sociaux de la population, notamment dans les domaines de l’éducation, de l’enseignement et de la formation, de la santé, et du logement.
A ce titre le programme quinquennal d’investissements publics sera maintenu, tout en adaptant le rythme et les priorités de lancement des nouveaux projets et en veillant aussi à la maîtrise de leurs coûts.
De même, la justice sociale et la solidarité nationale demeureront au centre des options nationales fondamentales a souligné le Chef de l’Etat.
Le Président de la République a également chargé le Gouvernement de s’atteler à la rationalisation de la dépense publique, notamment au niveau du budget de fonctionnement.
En outre, le Gouvernement devra veiller à une plus grande participation des entreprises nationales publiques et privées à la réalisation des projets publics aux côtés des entreprises étrangères, lorsque le recours à celles-ci sera nécessaire.
Par ailleurs, pour préserver la balance des paiements du pays, le Gouvernement est chargé de veiller à la rationalisation des importations et au renforcement du contrôle des opérations de financement du commerce extérieur, pour prévenir toutes formes d’évasion de capitaux.
A cette même occasion, le Président Abdelaziz Bouteflika a relevé que la crise des prix du pétrole vient souligner l’impératif de réduire la dépendance du pays vis à vis des hydrocarbures, rappelant également que la diversification de l’économie nationale est un des principaux objectifs du plan d’action du Gouvernement.
A ce titre, il a ordonné au Gouvernement d’engager les mesures requises pour la dynamisation des secteurs de l’industrie, de la pétrochimie, de l’agriculture, du tourisme et des nouvelles technologies de l’information et de la communication, et de lui en rendre compte au cours du premier trimestre 2015. Cela devra s’accompagner également d’une intensification des réformes au niveau du secteur financier, pour dynamiser le développement de l’entreprise, la mobilisation de l’épargne locale, et le financement des investissements de la sphère économique.
En outre, le secteur de l’Energie est chargé de promouvoir la rationalisation de la consommation interne d’énergie, de promouvoir la transition énergétique grâce au développement des énergies nouvelles et renouvelables, et d’accroître la recherche et l’exploitation des hydrocarbures, y compris non conventionnels.
Enfin, le Président Abdelaziz Bouteflika a chargé le Gouvernement de tenir l’opinion nationale informée des réalités et des enjeux de la crise actuelle des prix du pétrole. Cela permettra de rassurer la population, et de la mobiliser pour la lutte contre le gaspillage et pour un effort accru, au service de son propre bien être et du développement du pays, a conclu le Chef de l’Etat ».