Les trois opérations les plus importantes que le Comité international de la Croix-Rouge mène actuellement dans le monde se passent en Syrie, en Afghanistan et au Mali. Trois pays dans lesquels les conflits armés incessants entraînent des situations de grave crise humanitaire. En visite officielle en Algérie, le président du CICR est revenu mercredi sur les actions effectuées par l’organisation internationale au Mali et en Syrie.
Peter Maurer, le président du Comité International de la Croix-Rouge (CICR) depuis 2012, a tenu une conférence de presse au Palais de la Culture d’Alger à l’issue d’une visite officielle de trois jours dans notre pays. «Je suis venu en Algérie à cause de l’importance de l’Algérie dans la politique africaine, dans la politique maghrebienne, dans les conflits du moyen-orient», a déclaré le suisse Peter Maurer afin de justifier son voyage dont l’objectif est de «développer avec l’Algérie encore davantage un dialogue politique sur les foyers de crise, d’identifier la communauté des intérêts avec le gouvernement algérien et de définir les axes concrets que l’on peut entreprendre». Et l’un des foyers de crise les plus importants dans le monde aujourd’hui est justement un voisin de l’Algérie : le Mali.
«La crise sahélienne a un impact sur l’Algérie»
Les discussions entre le ministère algérien des Affaires étrangères et le président du CICR se sont particulièrement concentrées sur «le contexte de l’Algérie comme pays confronté à la crise sahélienne», explique Peter Maurer. Le Comité international de la Croix-Rouge organise des actions humanitaires au Mali ainsi que dans les pays voisins. Le premier objectif est de fournir des biens de première nécessité aux populations civiles. Le CICR est en ce moment en train de «mettre de la nourriture à disposition de plus de 400 000 personnes» et d’organiser des «livraisons de médicaments», a précisé le diplomate suisse pendant la conférence de presse. Il faut également s’occuper des réfugiés qui ont quitté le nord du Mali touché de plein fouet par les conflits armés. D’autant plus que les réfugiés ne reviennent pas encore dans leur région d’origine : «nous ne constatons pas une rentrée majeure de population et de réfugiés [dans le nord du Mali]», a signalé Peter Maurer.
AH/IINA
En tant que pays limitrophe du Mali, l’Algérie est directement concernée par le conflit armé en cours qui provoque des mouvements de population mais augmente également l’instabilité de la région du Sahel. Celle-ci est en effet sujette à de nombreuses problématiques, dont celle des groupes armés rebelles et terroristes. «Nous sommes conscients que la crise sahélienne a un impact sur l’Algérie et donc notre volonté et notre intérêt est de développer avec le Croissant rouge algérien des activités communes dans le sud de l’Algérie pour renforcer les capacités de réponse de la crise sahélienne».
«L’opération syrienne est dangereuse et précaire»
L’autre crise majeure qui se déroule actuellement dans le monde concerne la Syrie et, en termes financiers, il s’agit même de la première crise humanitaire que le CICR gère en ce moment. L’organisation dépense en effet 100 millions de francs suisses (8 milliards de dinars) par an pour son opération syrienne. «Le CICR est l’une des rares organisations présentes sur le terrain en Syrie, en collaboration avec le Croissant rouge arabe syrien», précise le diplomate suisse.
Récemment le CICR a réussi à négocier avec les différentes parties engagées dans le conflit armé pour pouvoir traverser les lignes de front et accéder ainsi à la population civile. La situation devient cependant de plus en plus difficile à gérer. «Cette opération syrienne est dangereuse et précaire», explique Peter Maurer. «Elle est dangereuse car nous sommes continuellement confrontés à des combats qui s’élargissent. Il y a six ou sept mois, le conflit syrien était encore localisé sur certaines villes et régions. Aujourd’hui, il n’y a pas de région qui soit vraiment épargnée par les combats», déplore-t-il. Cet élargissement de la surface du conflit armé complique l’action humanitaire, le CICR ne parvient pas à atteindre certaines zones. «Il y a des taches blanches sur notre carte de la Syrie», précise le président de du comité international.
La croissance exponentielle du nombre de victimes, qui est constatée par le CICR, ne pourra réellement s’arrêter que lorsqu’une solution politique sera trouvée. Les acteurs humanitaires ne sont pas là pour cela, explique Peter Maurer qui tient à souligner l’indépendance ainsi que le côté apolitique et non religieux de son organisation. Les organisations humanitaires peuvent juste «atténuer la situation des populations civiles qui souffrent du conflit», a-t-il précisé.