Hamid Melzi, le puissant directeur de la Résidence d’Etat du Sahel qui s’étend de Club des Pins jusqu’à Moretti à Staouéli, à l’ouest d’Alger, vit ses derniers jours de gloire. Son limogeage n’est qu’une question de jours, a-t-on appris de plusieurs sources concordantes. Mais selon d’autres sources proches des cercles décisionnels, le directeur de Club des Pins serait d’ores et déjà relevé de ses fonctions. « Seule l’annonce officielle n’a pas encore été faite », indique-t-on.
Quoi qu’il en soit, le départ du général Toufik de la direction du DRS semble avoir porté un sérieux préjudice à Hamid Melzi qui dirige, lui-aussi, Club des Pins depuis 1993-1994. Il est au commande de la Résidence d’Etat où logent tous les dirigeants les plus influents du pays bien avant l’arrivée au pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika. En réalité, la début de règne de Melzi a coïncidé avec la mainmise du général Toufik sur les services secrets algériens. La bonne entente entre les deux hommes est un secret de polichinelle. Aujourd’hui, avec le départ de son « parrain », comme le disent sans aucun faux fuyant quelques hauts responsables au gouvernement, Hamid Melzi est devenu « une persona non grata ».
Le 15 septembre 2013, il a été limogé. Mais son éviction n’a duré que 24 heures puisque des personnages occultes, dont Toufik, sont venus à son secours. Et le pacha Hamid Melzi a été réhabilité dans ses fonctions illico presto. Son remplaçant, un certain M. Brahimi, ex-cadre à l’EGT centre, a été, par la suite, rattaché à la Présidence de la République. Mais, l’Algérie de 2013 ne semble plus rien avoir avec l’Algérie de 2015. Et Hamid Melzi le découvre à ses dépens. Preuve en est, juste après le mariage fastueux de son fils, Salim, au Sheraton d’Alger, le commandant de secteur de Chéraga de la gendarmerie nationale intervient pour le « désarmer » lui et ses proches directeurs. Le retrait de son permis de port d’armes était déjà un signe avant-coureur de sa déchéance. Il a été placé, par la suite, sous contrôlé judiciaire et auditionné dans le cadre d’une enquête.
En effet, l’Etat-major de la gendarmerie nationale accentue la pression sur lui en ouvrant une enquête à propos des coups de feu tirés lors de la fête de mariage de son fils. Une fête à laquelle ont assisté de nombreux hauts responsables comme Amar Ghoul et Ahmed Ouyahia. Le commandement de la gendarmerie en profite pour enquêter sur de nombreux dérapages qui pèsent sur la personne de Melzi. Le général-major Nouba Menad, nouveau patron de la gendarmerie nationale n’est guère aussi conciliant que son prédécesseur Ahmed Boustila.
Hamid Melzi vacille et panique. Il utilise son carnet d’adresses et appelle ses amis à la rescousse. Il veut gagner du temps et cherche à s’en sortir pour ne pas sombrer dans le sillage du départ de Toufik. La gendarmerie nationale veut reprendre le contrôle des accès à la Résidence d’Etat. Une mission que les agents de Melzi se sont arrogé le droit d’accomplir depuis 2003. De nombreux abus de pouvoir ont été constatés et les résidents qui n’apprécient guère le pouvoir absolutiste du sieur Melzi sont exposés à l’harcèlement répétitif des hommes de main de ce dernier. Le trafic des cartes d’accès à Club des Pins bat son plein et agace les services de sécurité. Mais ces derniers ne peuvent rien faire, l’empereur de Club des Pins étant protégé par des « gens haut placés ». Ainsi, des cartes d’accès à la fameuse résidence durant la saison estivale sont écoulées sur le marché noir à partir de 20 mille Da. Ce trafic juteux bat son plein en été et ses barons amasses chaque année une fortune.
« L’empereur » de Club des Pins est soupçonné d’être impliqué dans de nombreuses activités économiques très douteuses. Son fils, Mouloud, est à la tête de plusieurs entreprises dont les sources de financement demeurent très opaques. « Ital Crem » qui fabrique des glaces, une société de distribution de café, une autre de commercialisation de matériel et équipement pour hôtellerie, une entreprise spécialisée dans l’installation des ascenseurs et une autre boîte qui négocie l’installation des parcmètres dans les rues de la capitale Alger. Son deuxième fils, Amine, est propriétaire d’une limonaderie et vient d’acquérir la célèbre marque Vitajus, basée à Blida, pour 25 millions d’euros. La famille Melzi est aussi propriétaire de plusieurs villas à Moretti. La villa numéro 54 appartient à Hamid Melzi. L’ancien économat de la résidence d’Etat a été transformée par son fils Mouloud en villa alors qu’elle devait abriter une grande supérette. Deux autres luxueuses résidences, des bungalows, sont occupées par deux autres fils de Hamid Melzi. La résidence 13 et 17 ou la 15.
Un véritable royaume qui s’est transformé au fil des années en un empire. D’où provient toute cette richesse ? Tout ce pouvoir ? A ces questions, aucune instance officielle n’a voulu fournir la moindre réponse. Mais, comme toute richesse mal acquise, comme tout pouvoir illégitime, la richesse et le pouvoir de Melzi ne sont qu’éphémères. Hamid Melzi figure en tête de liste des personnes à « abattre » au niveau du palais d’El-Mouradia. Son empire s’effondre avec la chute de ses parrains occultes. Pour sauver la mise et conserver un parapluie, Hamid Melzi veut sauvegarder la direction de la société d’investissement hôtelière (SIH) à laquelle appartient l’hôtel Sheraton d’Alger. Une dernière manœuvre pour s’assurer un minimum « vital » de richesse. Mais en ces temps troubles, la chute des caciques du régime se fait avec fracas.