Pour réussir un congrès avec moins de contestation possible, Amar Saadani a une nouvelle fois joué sur l’image de Abdelaziz Bouteflika. Profitant d’un message envoyé par ce dernier aux congressistes, réunis jeudi à la Coupole d’Alger, le secrétaire général du FLN –qui va certainement être conforté dans ses fonctions- s’est empressé de clore le débat. Il a même assisté, euphorique, au plébiscite fait au chef de l’Etat, déclaré désormais « président, pas d’honneur, mais président » du FLN.
La contradiction étant ancrée dans les mœurs du vieux parti, les 6300 congressistes du FLN (chiffres officiels) ont voté à l’unanimité pour que Bouteflika devienne président du parti. Pourtant, le concerné lui-même venait de déclarer que son poste de président de la République ne lui permet pas de faire partie d’une formation politique.
Sûr de lui, Amar Saadani a déroulé, dans un discours lu au pas de charge, les grandes lignes qui constituent le programme de son parti. Il a notamment cité les grandes propositions faites par le FLN dans le cadre de la révision de la Constitution. On y trouve, entre autres, l’officialisation de la langue amazighe, la désignation d’un premier ministre issu de la majorité parlementaire, la limitation des mandats présidentiels à deux et l’interdiction au ministère de l’Intérieur de dissoudre un parti politique sans l’aval de la justice. Il a également invité ses adversaires à réintégrer le parti.
Le reste du Congrès n’est que de la pure forme. Puisque dès les premières heures du début de la rencontre, qui se déroule théoriquement jusqu’à samedi, les congressistes ont adopté à l’unanimité le règlement intérieur et la commission de validation des congressistes.
Les opposants à l’actuel secrétaire général ont donc appris, à leurs dépends, que dans leur parti, la légalité à elle seule ne suffit jamais. Pis, « des forces occultes », comme l’a dit Abdelkrim Abada, soutiennent qui elles veulent. Aujourd’hui, le choix est porté sur Amar Saadani qui va être très probablement plébiscité comme secrétaire général. Un vote dont l’homme rêve depuis plusieurs années. Signe que l’intronisation de Saadani ne fait pratiquement aucun doute : Bouteflika vient de donner son quitus à la direction actuelle « qui a su unifier les rangs du parti ». Le reste n’est donc que pure littérature.
Essaïd Wakli