Alors que les chefs d’Etat concernés par ce drame se sont exprimés tour à tour, recevant les familles des victimes du crash du vol AH5017, Abdelaziz Bouteflika s’est enfermé dans un mutisme perturbant.
Le crash de l’avion d’Air Algérie au nord du Mali, reliant Ouagadougou au Burkina Faso à Alger, a révélé au grand jour l’absence totale du chef de l’Etat algérien. Alors que les présidents de plusieurs pays, à commencer par la France, se sont exprimés sur cette tragédie, Abdelaziz Bouteflika, lui, s’est installé dans un silence assourdissant. Il est vrai qu’un communiqué de la présidence attribue à Bouteflika « la décision » d’instaurer 3 jours de deuil national, mais l’absence de celui qui est censé être le premier responsable de l’Etat est flagrante. Des informations, difficiles à vérifier, avancent même que le chef de l’Etat, François Hollande, a tenté de joindre Abdelaziz Bouteflika par téléphone. En vain.
Le RCD est le premier parti politique à avoir dénoncé cette absence du chef de l’Etat. « La défection singulière du Chef de l’Etat, contrastant avec la présence soutenue du président français, marque l’image d’un président hors du temps et loin de son pays. Le retrait de l’Algérie devant la tutelle de l’ex puissance coloniale est une caricature des errements diplomatiques, de l’incurie, des reniements et de la soumission du pouvoir actuel », fait remarquer le RCD dans un communiqué diffusé après la réunion de son bureau national.
Dans ce vide sidéral, le premier ministre, Abdelmalek Sellal, souvent appelé à la rescousse, semble être dépassé par les évènements. Il s’est contenté d’une brève déclaration, jeudi, à l’APN. Le lendemain du crash, vendredi, Sellal s’est également limité à une note demandant aux administrations publiques de mettre les drapeaux en berne.
La seule sortie sérieuse de Abdelmalek Sellal s’est produite samedi à Constantine. Le premier ministre a démenti, lors d’une conférence de presse, la thèse d’un crash suite à un attentat terroriste. 3Il n’y pas de groupes terroristes dans la région, lesquels groupes ne sont pas équipés pour cibler un avion à près de 10 000 mètres d’altitude avec une telle exactitude3, a indiqué Sellal.
Cela n’occulte cependant pas l’essentiel, à savoir l’absence de Bouteflika.
Essaïd Wakli