« On ira droit au mur si on ne revoit pas certains aspects et si on ne diminue pas les importations ». C’est avec ces mots qu’Ahmed Ouyahia, le chef du RND, et le chef de cabinet de la Présidence de la République, a décrit samedi la situation économique actuelle de l’Algérie.
Une diagnostic clair, net et précis. Cependant, Ahmed Ouyahia, qui ne cache pas en coulisses ses ambitions présidentielles, fait comme s’il n’avait pas pris part et de manière considérable dans la construction de ce « mur » vers lequel se dirige l’Algérie.
Lui, l’ex-Chef de gouvernement, avait pactisé avec les islamistes du MSP pour élaborer la loi de finances 2009 avec comme objectif de réduire les importations. L’arme fatale sortie de ses tiroirs avait pour nom le crédit documentaire. Et c’est exactement l’effet contraire qui a été obtenu. Preuve en est, en 2010, une année après l’entrée en vigueur de la Loi de finances de 2009, la facture des importations est hissée de 39 à 40 milliards de dollars, ensuite à 47 milliards de dollars en 2011, et jusqu’à 50 milliards en 2012, au moment où Ahmed Ouyahia, encore Chef du gouvernement, s’est séparé de ses alliés islamistes du MSP.
Les chiffres de 2014 et de 2015, tout le monde les connait. La facture des importations n’a jamais été aussi salée. Le mur dont parle aujourd’hui Ahmed Ouyahia, l’Algérie se cogne sans cesse dessus depuis 2009. Les islamistes du MSP, qui se présentent aujourd’hui comme des opposants vierges et propres, ont une énorme responsabilité dans cette catastrophe économique.
El-Hachemi Djaâboub, l’une des figures emblématiques du MSP, avait occupé les fonctions de ministre du Commerce et de l’Industrie durant les années 2000. Cet homme fort des islamistes du MSP qui ne quitteront le pouvoir qu’en 2012 pour rejoindre l' »opposition », a joué un rôle important dans le blocage de plusieurs projets de loi qui auraient pu contribuer à réduire la dépendance de l’Algérie vis-à-vis des importations. Ces projets auraient pu instaurer un peu de rigueur dans le secteur, à l’exemple de l’obligation d’un certificat de contrôle de qualité pour les marchandises importées. Les ministres du MSP, qui jouent aujourd’hui aux opposants, ont été à l’origine de la mise en échec de la
Loi N°04-04 du 23 juin 2004 relative à la normalisation. Ils ont tout fait afin d’empêcher la mise en oeuvre des décrets d’application de cette loi qui aurait pu faire un tri salvateur dans nos importations et éviter à l’Algérie de dilapider ses devises et se retrouver avec
des containers de cailloux et de camelotes abandonnés dans ses ports.
Même Ali Benflis qui vend le rêve du « changement » aux Algériens et se considère comme porteur d’une « nouvelle alternative » à la situation actuelle, qu’avait-il fait pour diversifier l’économie algérienne et la moderniser quand il était Chef du gouvernement de 2000 à 2003 ? Pourquoi pourrait-il apporter le développement maintenant à l’Algérie alors qu’il avait échoué quand il était au pouvoir ? C’est dire enfin que la crise économique qui frappe aujourd’hui l’Algérie n’implique pas uniquement les cercles politiques proches de Bouteflika. Les ex-hauts responsables d’hier, et opposants d’aujourd’hui, sont comptables de la situation. Ils ont participé à des degrés divers à « ruine » de l’Etat. En 2015, eux non plus ne constituent pas la solution. L’Algérie a besoin en urgence d’un nouveau projet et d’hommes aux idées neuves et au passé « propre ».