Au moment où tous les signaux sont au rouge, Amara Benyounès tente de rassurer les Algériens en réfutant l’existence d’une crise politique dans le pays. Il ne rate aucune occasion pour chanter, à qui veut l’entendre, une stabilité retrouvée grâce à l’homme providentiel : Bouteflika. L’Algérie « ne vit pas une crise politique », a-t-il assuré à l’occasion de l’université d’été de son parti MPA.
L’actuel ministre du Commerce, Amara Benyounès s’exprimait en sa qualité de secrétaire général du Mouvement populaire algérien (MPA), en marge de l’ouverture des travaux de la 2e université d’été du parti. L’ancien « opposant », membre fondateur et ex-cadre et militant du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), estime que c’est plutôt l’opposition qui «vit une crise». Les premiers opposants ciblés par les diatribes de Benyounès sont ceux qui revendiquent une intervention de l’armée pour destituer l’actuel chef de l’Etat pour incapacité physique à assumer sa fonction présidentielle. Il a, ainsi, réitéré que Bouteflika jouit « d’une crédibilité et d’une légitimité ». Amara Benyounès en veut pour preuve la « réélection » de Bouteflika pour un quatrième mandat en avril dernier, synonyme de renouvellement de la confiance du peuple algérien en la personne du président. Une manière de réfuter « la fraude et le viol de la constitution » que ne cessent de rappeler justement ces opposants auxquels il s’attaque, notamment lors des deux dernières présidentielles (suppression de la limitation des mandats en 2009, et incapacité physique de Bouteflika en 2014).
Voulant, vraisemblablement, jeter le discrédit et semer le doute parmi les partis et personnalités réunis au sein de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD), il a souligné que l’ « opposition a des positions divergentes concernant plusieurs dossiers ».
Sentant vraisemblablement le danger imminent, le président de l’ex-UDR (Union pour la démocratie républicaine) n’a pas omis de mettre en garde contre les conséquences sur le pays d’un eventuel soulèvement populaire pour un changement démocratique. En reprenant le discours traditionnel du régime consistant à demander au peuple de choisir entre la dictature et la guerre civile, il cite en exemple l’instabilité qui prévaut dans les pays ayant connu le printemps dit arabe, qui constitue à ses yeux « une véritable catastrophe ».
En reprenant le fameux slogan de « l’exception algérienne » dans le monde dit arabe, il essaie de convaincre les plus réticents en affirmant que l’Algérie « (…)est le premier pays à avoir adopté la démocratie en 1988». Enfin, Amara Benyounés n’a pas voulu s’étaler sur la santé du président de la République. Ceci dit, il n’a pas manqué de rappeler sa fameuse formule en guise de conclusion : « le bulletin de santé du chef de l’Etat n’est pas un bulletin météo ! »
Yacine Omar