Après des années de flirt avec le pouvoir, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) amorce un virage à 180°. Alors qu’il faisait partie de ceux qui qualifiaient l’opposition de « main de l’étranger », le MSP change de discours et appelle les Algériens à « se soulever » contre le pouvoir en place.
Cela s’est produit dans un meeting organisé samedi soir. L’actuel leader du MSP, Abderrezak Makri, qui s’opposa pendant longtemps à l’entrisme pratiqué par son parti, a donc demandé aux Algériens de rester « vigilants » et de se soulever contre le pouvoir. Un discours aux antipodes de celui développé par le MSP durant des années. Pis, du temps où Abdoudjerra Soltani était président, le parti islamiste s’attaquait systématiquement à tout ce qui venait de l’opposition. Souvent, il était même le plus zélés des partisans de Bouteflika.
Lors des événements du Printemps noir, qui avaient embrasé la Kabylie et provoqué la mort de 126 jeunes, le parti que gère actuellement Abderrezak Makri s’était mis du coté des oppresseurs. Au lieu de sortir manifester et saisir cette occasion pour provoquer le changement tant attendu, les dirigeants du parti islamiste, soutenus par des associations d’étudiants, s’attaquaient aux protestataires. Ils n’ont eu de cesse de vilipender ceux qui manifestaient pour la justice, la démocratie et le respect des Droits de l’Homme.
Mais, voyant que la politique de l’entrisme n’a rien donné, les dirigeants du MSP ont changé de stratégie. Ils s’appuient désormais sur l’opposition, issue notamment du courant démocrate, pour tenter d’arriver vers les cimes du pouvoir. Ils tentent même de dissimuler leur stratégie en faisant mine de renoncer à leurs convictions idéologiques.
Mais « chasser le naturel, il revient au galop », le MSP revient à ses positions d’origine. Il restera un parti opportuniste qui attend son heure, quitte à trahir tous ses alliés.
Essaïd Wakli