Les manifestations des policiers mercredi et jeudi dernier à Alger, tolérées malgré l’interdiction des marches dans la capitale depuis juin 2001, semble faire boule de neige. Au lendemain de la marche et du rassemblement devant le palais présidentiel, El Mouradia, des policiers, des militants pour la démocratie montent au créneau pour réclamer le droit de manifester pour tous.
En effet, un groupe de militants de la démocratie a lancé, vendredi dernier, sur le réseau social Facebook, un appel à une marche dans la capitale pour réclamer « le droit de manifester ». Cette manifestation devra avoir lieu le 1er novembre prochain, à 11h, de la place de La liberté de la presse jusqu’au siège de l’Assemblée populaire nationale (APN), à Alger.
Tout en rappelant que « le droit de manifester est consacré pleinement par la constitution et toutes les conventions internationales ratifiées par l’Algérie », les premiers signataires de l’ « Appel du 1er novembre » soulignent que « le 15 octobre 2014, des éléments des forces de l’ordre ont marché à Alger, de jour et de nuit, sans aucune autorisation ».
« Reconquérir le droit de manifester »
Ils se disent donc « mobilisés et déterminés à mener la bataille politique pour reconquérir le droit de manifester ». Un droit perdu officiellement depuis 2001, suite à la promulgation d’un décret interdisant les marches à Alger au lendemain de la marche historique du mouvement des Archs, le 14 juin de la même année.
Les initiateurs de cette marche demandent également « de mettre fin à l’instrumentalisation de la justice, d’exiger des comptes, d’avoir un droit de regard sur la façon dont est gouvernée l’Algérie, de lever toutes les interdictions sur les manifestations et de protéger les défenseurs des droits de l’homme ».
Selon le militant de la démocratie, Kader Fares Affak, un des initiateurs de cette marche, au côté du chroniqueur et écrivain, Chawki Ammari, cet appel à marcher sur Alger intervient au lendemain de la manifestation tolérée des policiers pour dénoncer la politique de deux poids deux mesures du pouvoir. Celui-ci sera donc mis devant « le fait accompli ». « Nous réclamons le droit de manifester pacifiquement pour tous. Le pouvoir a adopté une politique sélective. Il laisse les policiers manifester, sans qu’ils ne soient autorisés à le faire, et il procède à l’arrestation de militants de la démocratie. Nous exigeons aussi du pouvoir de mettre un terme au harcèlement judiciaire contre les militants de la démocratie si l’on veut réellement assurer une transition démocratique pacifique et, du coup, sauver le pays », explique-t-il, tout en soulignant la légitimité des revendications des policiers.
Près de deux cents personnes ont déjà signé l’appel à la marche, dont les premiers signataires, en sus des deux initiateurs précités, sont Abdelkrim Mammeri, Mourad Ouchichi et Othmane Aouameur.
Cette marche sera-t-elle tolérée, tout comme celle des policiers la semaine dernière ? Ces derniers, vont-ils réprimer leurs concitoyens civils, comme ils ont l’habitude de le faire, alors que, eux-même, sont sortis dans la rue braver l’interdit ? Les réponses à ces questions seront connues le 1er novembre prochain.
Yacine Omar