Le président Abdelmadjid Tebboune s’apprête à prononcer ce dimanche 29 décembre son discours annuel sur l’état de la nation, devant les deux chambres du Parlement réunies au Palais des Nations à Alger. Ce rendez-vous, instauré en 2023, s’annonce crucial, intervenant au début de son second mandat et marquant une étape clé pour définir la trajectoire de l’Algérie jusqu’en 2029. Au programme : le bilan du premier mandat, une feuille de route ambitieuse pour transformer l’Algérie en puissance économique émergente et une réponse aux défis politiques, économiques et diplomatiques actuels.
Un bilan du premier mandat : des réalisations et des zones d’ombre
Le discours sur l’état de la nation débutera par une rétrospective sur le premier mandat du président Tebboune, marqué par une série de réformes économiques et sociales. Parmi les principales réalisations, la réduction du chômage, l’accélération des projets d’infrastructure et la modernisation des secteurs stratégiques, comme l’énergie et l’agriculture.
Cependant, ces succès sont nuancés par des critiques concernant le rythme des réformes et la persistance de défis structurels, notamment la dépendance aux hydrocarbures et les lenteurs administratives qui freinent les investissements étrangers. Le chef de l’État devrait répondre à ces critiques en mettant en avant les bases posées pour une transformation durable de l’économie algérienne.
Une feuille de route ambitieuse pour 2024-2029
Le point central du discours sera la présentation de la feuille de route pour son second mandat. Le président Tebboune s’est fixé des objectifs ambitieux pour transformer l’Algérie en une puissance économique émergente avec un PIB ciblé de 400 milliards de dollars d’ici 2027.
Parmi les mesures phares, la construction de deux millions de logements et la création de 450 000 emplois devraient répondre aux attentes sociales pressantes. De plus, le président a annoncé 20 000 projets d’investissement, visant à dynamiser les secteurs stratégiques et à augmenter la part de l’industrie nationale dans le PIB à 12 %.
Un autre pilier essentiel de cette feuille de route est l’autosuffisance alimentaire. Dès 2025, l’Algérie vise à atteindre l’autosuffisance en blé dur, maïs et orge, un objectif crucial dans un contexte mondial marqué par des incertitudes sur les chaînes d’approvisionnement.
Révision de la gouvernance locale et réforme des partis politiques
Au-delà de l’économie, Tebboune entend réformer en profondeur la gouvernance locale. Lors de la récente réunion entre le gouvernement et les walis, il a insisté sur la nécessité de moderniser les codes de wilaya et de commune pour améliorer la gestion des collectivités locales. Cette réforme vise à renforcer l’autonomie des régions et à répondre plus efficacement aux préoccupations des citoyens.
Le volet politique du discours inclura également la révision de la loi sur les partis politiques. Cette réforme, attendue de longue date, devrait clarifier les conditions de fonctionnement des formations politiques, favoriser un dialogue national inclusif et préparer la tenue de consultations prévues entre fin 2025 et début 2026. Ce dialogue, présenté comme un engagement électoral lors de l’investiture de Tebboune, est perçu comme une opportunité pour renforcer la participation citoyenne et élargir le spectre des acteurs politiques.
Mesures d’apaisement et appel à l’unité nationale
Dans son discours, le président Tebboune reviendra sur les mesures d’apaisement prises le 26 décembre, qui ont vu la libération de 14 détenus condamnés pour atteinte à l’ordre public et la remise en liberté de huit autres en détention provisoire. Ces gestes, destinés à renforcer l’unité nationale, pourraient être élargis dans les mois à venir pour inclure d’autres catégories de détenus politiques.
Cette approche s’inscrit dans une stratégie plus large visant à apaiser les tensions sociales et à créer un climat favorable aux réformes. Toutefois, le succès de cette initiative dépendra de la capacité du gouvernement à instaurer un véritable dialogue avec les forces vives de la nation.
Défis internationaux : une Algérie en quête de stabilité régionale
La partie internationale du discours abordera les nombreux défis auxquels l’Algérie est confrontée. La guerre à Gaza, l’effondrement du régime syrien de Bachar Al-Assad et les tensions croissantes au Sahel seront au centre des préoccupations. Le président devrait réitérer le soutien de l’Algérie aux causes arabes et africaines tout en appelant à une résolution pacifique des conflits régionaux.
Les relations tendues avec le Maroc et la question du Sahara occidental seront également évoquées. Tebboune pourrait adopter un ton ferme face à ce qu’il a décrit comme des « campagnes hostiles » menées par des activistes marocains. Ces tensions, combinées à la détérioration des relations diplomatiques avec la France, mettent en lumière la complexité de la politique étrangère algérienne.
Un moment décisif pour l’Algérie
Le discours sur l’état de la nation de Tebboune intervient à un moment charnière pour l’Algérie. Alors que le pays s’efforce de diversifier son économie et de renforcer sa position sur la scène internationale, les attentes sont élevées. Les citoyens, confrontés à des défis économiques et sociaux persistants, espèrent des actions concrètes et une vision claire pour l’avenir.
La présentation de ce plan quinquennal sera un test clé pour le président, qui devra convaincre les parlementaires et, plus largement, l’opinion publique de la faisabilité de ses objectifs. La réussite de cette feuille de route dépendra non seulement de la volonté politique, mais aussi de la capacité à mobiliser les ressources nécessaires et à instaurer une culture de transparence et d’efficacité dans la gestion des affaires publiques.
une vision audacieuse pour l’avenir
Le discours d’Abdelmadjid Tebboune devant le Parlement sera un exercice d’équilibre entre la présentation des réalisations passées et l’annonce d’un avenir ambitieux pour l’Algérie. Si les défis sont nombreux, les objectifs fixés, notamment en matière d’autosuffisance alimentaire, de création d’emplois et de réforme politique, témoignent d’une volonté de transformation profonde.
Pour réussir, cette vision devra s’accompagner d’un dialogue inclusif, d’une gestion rigoureuse et d’une mobilisation collective. Le discours de ce dimanche pourrait ainsi marquer le début d’une nouvelle ère pour l’Algérie, une ère placée sous le signe de l’émergence économique et de la stabilité politique.