Documents/ Wikileaks révèle les dessous de la diplomatie saoudienne en Algérie

Redaction

Après la diplomatie américaine, Wikileaks, s’en prend à l’Arabie Saoudite, cette « dictature » qui « est devenue dangereuse pour ses voisins ainsi que pour le pays lui-même », assure Julian Assange, le cofondateur de Wikileaks qui a lancé, vendredi, son nouveau projet nommé Saudi Cables (dépêches saoudites).

Ainsi, plus de 70.000 documents du ministère des Affaires étrangères saoudien, dont la plupart est classée confidentielle, ont été révélés sur la plateforme de Wikileaks. Parmi ces documents, on retrouve de nombreux câbles concernant l’Algérie. L’ambassade saoudienne à Alger est, visiblement, très active et renseigne de manière très précise les autorités de son pays sur la situation de l’Algérie. Preuve en est, un rapport sur l’attaque terroriste contre le site gazier de Tiguentourine à In Amenas a été adressé à Riyad par les diplomates saoudiens à Alger. Ces derniers ont mené une véritable enquête où ils ont découvert que le groupe terroriste à l’origine de cette action avait miné les alentours du site gazier. « Si ces mines avaient explosé, elles auraient provoqué des dégâts matériels et humains considérables sur une surface de 60 Km », précise un câble diplomatique saoudien, selon lequel il y aurait eu au moins quatre employés au sein de ce site gazier complices aux terroristes et qui ont été retrouvés et interrogés par les enquêteurs algériens.

La même source avait conclu que les assaillants de Tiguentourine avaient été instruits par leur chef, Mokhtar Belmokhtar, de se battre jusqu’à la mort contre les soldats de l’armée algérienne, si celle-ci venait à les empêcher de les laisser s’enfuir avec les otages.

D’autres câbles indiquent que des personnalités algériennes ou d’anciens ministres ont « quémandé » des billets d’avion et des visas auprès des services consulaires saoudiens. A titre d’exemple, Nacer Mehel, l’ancien ministre de la Communication, avait demandé à participer à un voyage à Djeddah en Arabie Saoudite avec sa femme. Mais cette demande a été rejetée par le ministère des Affaires étrangères saoudien qui a été intrigué par le comportement de cet ancien ministre. Pour la diplomatie saoudienne, ce n’est pas parce que Nacer Mehel était invité dans le royaume wahhabite qu’il avait, pour autant, droit à un billet d’avion gratuit et à une deuxième invitation pour sa femme. Le même sort a été réservé à Mustapha Cherif, ancien ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, qui avait demandé, quant à lui, d’effectuer une Omra avec sa famille durant le mois du Ramadan.

Le ministère des Affaires étrangères saoudien a refusé cette demande car Mustapha Cherif avait déjà été pris en charge pour El Hadj en 2010. D’autres câbles diplomatiques nous  apprennent que les diplomates saoudiens étudient avec minutie la situation économique de l’Algérie. Notre pays est, d’ailleurs, considéré par l’ambassade Saoudienne comme un pays « très faible » dans les secteurs de l’agriculture et l’industrie. « L’Algérie n’est pas capable de rivaliser avec les autres pays ou de relever les défis de la concurrence », relève à ce sujet un des câbles de l’ambassade saoudienne à Alger. 

D’autres câbles étonnent par leur contenu et renseigne sur le regard négatif que porte les diplomates saoudiens sur l’Algérie et ses retards économiques et sociaux structurels. Dans l’un de ces câbles, les employés et cadres de l’ambassade saoudienne à Alger se plaignent de l’inexistence d’hôpitaux de bonne qualité en Algérie ! Ce câble pointe du doigt, de manière crûe, les « faibles prestations » des hôpitaux et infrastructures de santé en Algérie. Ce qui procurait un véritable malaise au personnel de la représentation diplomatique saoudienne.

Celle-ci dispose de beaucoup de revenus et de caisses remplies généreusement par Riyad, puisqu’un câble nous renseigne qu’elle avait versé plus de 5 millions de dollars de salaires en trois mois uniquement, à savoir de décembre 2012 jusqu’à février 2013. Une ambassade riche et bien renseignée, mais qui s’intéresse également aux affaires de « harragas ». Ainsi, ces câbles nous apprennent qu’il arrive à ce que des ressortissants saoudiens pénètrent illégalement sur le territoire algérien. Pour quels motifs et dans quelles circonstances ? Les câbles saoudiens ne n’en soufflent mot.

Soulignons enfin que Wikileaks  prévoit de publier près de 500.000 documents  de la diplomatie saoudienne qui seront en ligne sur son portail. L’avenir promet donc d’être riche en révélations.

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