C’est une vraie tempête estivale que le chef de l’Etat est entrain de provoquer. En quelques jours, Abdelaziz Bouteflika s’est frontalement attaqué à de grands chefs de l’armée. Puis, sans fournir la moindre explication, il a décidé de « dissoudre » l’un des services de lutte anti-terroriste les plus performants dans le monde, à savoir le GIS (Groupe d’intervention spécial). Ce groupe d’élite qui appartient au DRS (département de renseignement et de sécurité) aurait donc été dissout sur décision présidentielle, croient savoir de nombreuses sources, notamment le journal El Watan.
Comme lors des derniers changements effectués au sein des appareils sécuritaires, notamment ceux de la protection présidentielle, la Présidence de la République ne communique pas. Le ministère de la Défense nationale ne dit rien non plus, laissant ainsi la rumeur faire son œuvre. Pis, la confirmation du limogeage de l’ancien chef de la Garde républicaine et son remplacement par le général du corps d’armée Banali Benali a donné l’impression que tout ce qui se dit est forcément vrai. Sauf que ce cas est unique pour la simple et unique raison que l’Etat-Major de l’armée s’est empressée de confirmer une information qui a été donnée par les médias. Chose qui n’a pas été faite pour les autres changements.
La question qui devient à présent évidente est celle de connaître les arrière-pensées de ces brusques changements. D’aucuns pensent en effet que l’état de santé du chef de l’Etat, conjugué à la crise économique qui pointe à l’horizon, sont derrière cette volonté de chambouler tout. Quitte à prendre des risques pour la stabilité d’une institution aussi sensible que l’armée.
Bouteflika et son entourage ont-ils peur d’un scénario à la Bourguiba ? Le défunt président tunisien avait été, en effet, déposé, en janvier 1987, par son Premier ministre de l’époque, Zine-El-Abidine Benali, qui avait justifié son geste par des raisons de santé. Sauf que que le contexte de l’époque n’a rien à voir avec ce que vit l’Algérie actuellement. Pourquoi alors tout ce remue-ménage ?
Essaïd Wakli