La véritable campagne pour l’élection présidentielle est lancée depuis ce vendredi. Quelques heures après l’annonce de la convocation du corps électoral pour le 17 avril prochain, le Ministère de l’Intérieur autorise les candidats à la magistrature suprême à retirer un formulaire de souscription de signatures individuelles.
Il ne fait plus aucun doute que la campagne électorale de 2014 a vraiment débuté ce vendredi. Moins de deux heures après la discrète publication du décret présidentiel convoquant le corps électoral pour le 17 avril prochain, le ministère de l’Intérieur a publié un communiqué dans lequel il invite les candidats à l’élection présidentielle de 2014 à retirer un formulaire de souscription de signatures individuelles. « Suite à la signature par le président de la République du décret présidentiel portant convocation du corps électoral pour le jeudi 17 avril 2014 en vue de l’élection à la présidence de la République, et en vertu des dispositions de la loi organique 12-01 du 12 janvier 2012 relative au régime électoral, le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales porte à la connaissance des postulants à la candidature à ces élections, que le retrait des formulaires de souscription de signatures individuelles s’effectue au siège du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales, sis au Palais du Gouvernement, avenue Docteur Saadane, Alger », indique le communiqué de presse du Ministère de l’Intérieur. « La remise de ces formulaires intervient sur présentation par le candidat d’une lettre adressée à M. le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, annonçant son intention de constituer un dossier de candidature à l’élection à la présidence de la République », précise le communiqué.
Pour rappel, les prétendants au poste de chef de l’Etat algérien ont deux options pour faire valider leur candidature par le Conseil constitutionnel, selon l’article 139 de la loi organique du 12 janvier 2012. Ils doivent obtenir au moins 600 signatures individuelles de membres élus d’APC, de wilayas ou de députés, répartis sur au moins 25 wilayas ou bien 60.000 signatures individuelles d’électeurs inscrits sur liste électorale, répartis à travers au moins 25 wilayas, sachant que le nombre minimal des signatures pour chaque wilaya ne peut être inférieur à 1.500. Une fois la candidature déposée au siège du Conseil constitutionnel, ce dernier a dix jours pour se prononcer et valider ou pas la candidature, d’après l’article 133 de la même loi organique. Autrement dit, à la mi-mars, nous serons fixés sur les candidats qui iront jusqu’aux urnes défendre leurs idées.
Où en sont les potentiels candidats ?
Du côté des potentiels candidats à l’élection présidentielle, on n’a pas attendu le décret présidentiel de convocation du corps électoral pour organiser sa campagne. Dimanche matin, Ali Benflis, qui compte sur des comités de soutiens et des militants déjà mobilisés, annoncera publiquement sa candidature, lors d’une conférence à l’hôtel Hilton, à Alger. Il devrait présenter également les grandes lignes de son programme électoral. Soufiane Djilali, lui, n’a pas fait durer le suspense puisque le candidat et président du parti Jil Jadid a été le premier à dégainer son programme, le 12 janvier dernier. Cette semaine, Rachid Nekkaz s’est encore fait remarquer par son originalité. Le candidat indépendant a manifesté mercredi devant l’hôpital militaire du Val-de-Grâce, alors que le Président Abdelaziz Bouteflika subissait un « contrôle médical routinier », pour demander aux électeurs algériens de le soutenir. L’ancien candidat à l’élection présidentielle française de 2007, qui a remis son passeport français en octobre pour pouvoir briguer le poste de chef de l’Etat algérien, maintient donc sa candidature. Au terme de cette semaine, les interrogations sur les réelles intentions de Yasmina Khadra subsistent. Sa déclaration de candidature avait autant surpris que fait jaser au Forum de Liberté, en novembre dernier. Cette semaine, on apprend que l’auteur de « Ce que le jour doit à la nuit » sera occuper par la publication de son roman « Qu’attendent les singes ? ». A défaut d’être pris par la campagne électorale ?
Autre candidat à l’élection présidentielle, Moussa Touati s’est illustré cette semaine en réitérant la proposition qu’il a faite lors des précédentes législatives : recourir au dépouillement électronique des voix exprimées. Système de comptage des votes qui avait été « refusé par les autorités de l’époque en raison du manque de temps », a-t-il expliqué le 11 janvier le président du Front national algérien. Moussa Touati a estimé qu’il était temps de recourir à cette technique moderne d’autant que les administrations disposent toutes de systèmes informatisés, notamment pour la délivrance de passeports biométriques, précisant que ce système « garantira la régularité et la crédibilité des élections ».
Plus discrets, Abdelaziz Belaid, Ahmed Benbitour, Mohamed Benhamou, Kamal Benkoussa, Ali Benouari, Loth Bonatiro, Ali Fawzi Rebaine, Mohamed Taleb Chérif se sont contentés d’une simple candidature pour le moment. Il faut admettre que ces prétendants ont peu de chance de recueillir le nombre de signatures requises pour valider leur candidature.
Plusieurs candidats potentiels hésitent encore, scellant souvent leur destin à celui du Président Bouteflika. A l’instar de Louisa Hanoune. Le parti des Travailleurs doit trancher samedi sur sa position à la prochaine élection présidentielle, a indiqué vendredi la présidente du PT. Ira, ira pas ? La question reste en suspens.
Reste le cas du Président en poste. Après un contrôle médical routinier, étrangement long de quatre jours, à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris, Abdelaziz Bouteflika est rentré en « bonne santé » jeudi. Les rumeurs sur une candidature pour un quatrième mandat consécutif sont reparties de plus belles bien qu’aucune image du Président en exercice n’a filtré depuis la signature de la Loi de finance, le 30 décembre dernier. Des images en gros plans dans lequel Abdelaziz Bouteflika apparaissait très fatigué et qui avaient valu au directeur de l’Information de l’ENTV, Amar Bouacha, d’être licencié. Mais d’après nos sources, proches du cercle présidentiel, la candidature de Abdelaziz Bouteflika est sûre et il l’annoncera officiellement à la mi-février.