Ali Yahia Abdennour, l’ancien président de la ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), a estimé que l’histoire de l’Algérie et de son identité nationale sont victimes, depuis l’enclenchement de la lutte pour l’Indépendance, d’une « falsification honteuse » qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui encore.
« Est-ce que la nation algérienne existe depuis le VIIe siècle, depuis la venue des Arabes ? », a-t-il lancé samedi à Béjaïa lors d’une rencontre organisé au Théâtre régional de la ville au sujet de son dernier ouvrage portant sur « La crise berbère de 1949 ». Depuis la parution de ce livre chez Barzakh, Ali Yahia Abdennour est au coeur d’une vive polémique en Algérie. Il y explore la dimension anti-berbériste du mouvement nationaliste algérien engagé dans la lutte pour l’Indépendance. Pour le plus célèbre militant des droits de l’homme en Algérie, dès le lancement de la lutte politique pour la libération de l’Algérie, la composante berbère de la société algérienne a été ignorée, rejetée et écartée.
Pour étayer ses propos, Ali Yahia Abdennour révèle que c’est le bureau politique du Parti du peuple algérien (PPA) et le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), fondés par le leader du nationalisme algérien, Messahli Hadj qui ont déclaré en décembre 1948 que l’Algérie est « une nation arabe et musulmane depuis le VIIe siècle ». Depuis cette date-là, un véritable courant anti-berbériste s’est développé au sein des différents mouvements nationalistes algériens.
L’ancien président de la LADDH souligne également que «la crise anti-berbériste continue à nos jours». Une crise qui a empêché les Algériens de se doter d’une véritable citoyenneté, relève-t-il, affirmant en dernier lieu qu’«en 1962, on a libéré le territoire mais pas le peuple. Depuis 1962, nous ne sommes plus citoyens».