Le militant mozabite Kameleddine Fekhar, incarcéré et isolé à la prison de Ménéa, va porter plainte contre la police sur les conditions de son arrestation.
Retenu en détention préventive à la prison de Ménéa, à plus de 260 km au sud de Ghardaïa, depuis le 15 juillet dernier, Kameleddine Fekhar prépare sa défense. Ce médecin de 52 ans a chargé son avocat de déposer deux plaintes contre la police auprès du tribunal de Ghardaïa. « On va attaqué la police en justice pour violence physique et verbale au moment de l’arrestation du Dr Fekhar et pour violation de propriété privée sur le fondement de l’article 295 du code pénal », révèle Me Salah Dabouz, contacté ce mardi après-midi. Les plaintes seront déposées demain, précise le président de la Ligue algérienne de défense des Droits de l’Homme (LADDH), en déplacement à Ghardaïa.
Torturer en garde à vue
Pour rappel, le militant, très actif sur la toile algérienne, a été interpellé par les forces de police le 9 juillet dernier à l’intérieur de la salle de prière d’une association culturelle, située sur la célèbre place du marché de Ghardaïa, après la prière du Tarawih. Il a été arrêté en même qu’une vingtaine d’autres mozabites. En tout, 31 membres de la communauté mozabite ont été incarcérés, suite à l’épisode meurtrier qui a secoué la vallée du M’Zab durant le mois sacré du Ramadhan. D’après le collectif des avocats des détenus mozabites, Fekhar a été victime de torture durant sa garde à vue au commissariat de Ghardaïa, entre le 9 et le 15 juillet. L’ex-directeur du bureau local de la LADDH, qui a déjà effectué plusieurs séjours en prison, est, cette fois-ci, sérieusement menacé puisque 18 chefs d’inculpation pèsent sur ses épaules. Et pas des moindres : atteintes à la souveraineté et la sécurité nationales, incitation au meurtre et attroupement armé. Il risque la prison à perpétuité.
Appel
La chambre d’accusation près la cour de Ghardaïa devait se prononcer ce mardi sur l’appel introduit par l’avocat de Kameleddine Fekhar contre la décision du juge d’instruction relative à leur mise sous mandat de dépôt. Mais, à la demande de la défense, l’examen de la demande d’appel a été reporté au 4 août prochain, précise Me Dabouz, qui doit s’entretenir avec son client demain. Le président de la LADDH devrait retrouver un homme affaibli. « Le Dr Fekhar est toujours en grève de la faim. Sa famille est inquiète, elle dit que son état de santé s’est encore dégradé et qu’il est très faible », affirme-t-il.
Défense à l’international
Pour défendre son client, Salah Dabouz envisage d’internationaliser l’affaire. Dans une déclaration à Algérie-Focus, l’avocat de Kameleddine Fekhar explique avoir sollicité le soutien de trois ONG internationales, avec lesquelles l’Algérie est liée par des conventions. L’une d’elles – Me Dabouz ne veut pas encore divulguer le nom – a rédigé un rapport détaillé sur les circonstances de l’arrestation du Dr Fekhar et ses conditions de détention et diffusé le document à un large niveau auprès d’instances internationales, indique Me Dabouz. « Elles pourraient demander des explications au gouvernement algérien, voire l’envoi en Algérie d’un rapporteur spécial », précise-t-il.