La visite du Premier ministre français demain à Alger n’est pas « un pur hasard de calendrier ». Bien au contraire, elle est la preuve qu’entre l’Algérie et la France, il existe bel et bien des négociations « sont régulièrement concomitantes de grandes échéances politiques », a estimé l’opposant algérien et ancien Président du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), Saïd Sadi.
Dans une contribution publiée sur les colonnes du quotidien francophone Liberté, Saïd Sadi s’en est violemment pris à « la politique algérienne » de la France en décortiquant les enjeux majeurs de cette visite qui intervient à quelques mois d’une élection présidentielle capitale pour l’avenir de l’Algérie. Pour Saïd Sadi, s’il est de bonne guerre que Premier ministre français « va s’employer à conforter la place, désormais menacée par la Chine, de premier partenaire commercial avec l’Algérie », il n’en demeure pas moins que c’est surtout le délabrement actuel du régime algérien qui « appelle et stimule bien des appétits » de la France, a analysé l’opposant algérien selon lequel la crise qu’affronte en ce moment l’Algérie « l’oblige à capter toutes les opportunités sans trop s’embarrasser de subtilités » notamment en cette période où les autorités algériennes se démarquent par une « irresponsabilité et une incurie » remarquables.
Dans ce contexte, Saïd Sadi relève que la France ne cherche qu’à tirer « le meilleur profit d’un pouvoir décadent ». Pour ce faire, la France a décidé d’investir « le marasme comme matrice de coopération » avec l’Algérie « au point de l’entretenir, l’amplifier et le pérenniser », a-t-il indiqué. Pour étayer ses arguments, il revient sur le numéro « de funambulisme politique » de François Hollande lors de sa visite présidentielle à Alger en décembre 2012 où il avait « oublié l’état d’urgence de fait qui interdit les manifestations, les répressions d’une police omnipotente et pléthorique qui s’abattent sur les citoyens et les violations quotidiennes des droits constitutionnels face à une justice domestiquée comme jamais », regrette Saïd Sadi qui ne doute guère que la France apporte un soutien indéfectible à la politique de Bouteflika. Et cela risque de compromettre sérieusement « l’avenir des relations algéro-françaises », avertit enfin Saïd Sadi.