Tayeb Louh semble être dépassé par le temps. Lors de son passage devant les députés de l’Assemblée populaire nationale, le ministre de la Justice et Garde des Sceaux a employé un langage aux antipodes des réalités. Il a affirme, contre tout bon sens, que la justice est «indépendante» en Algérie. Il semble même avoir oublié que dans le pays, un homme qui doit passer devant un juge est blanchi d’abord par les politiques avant qu’il ne soit entendu par la justice.
Acculé par les députés qui lui reprochent le manque de réactivité dans l’affaire Chakib Khelil, Tayeb Louh s’est emporté. Il estime qu’il faut «respecter la préemption d’innocence». «Où allons-nous comme ça ? Si chacun d’entre nous devient juge et distribue les accusations à sa guise, les choses deviendront incontrôlables. C’est grave», a-t-il indiqué, demandant aux députés de «laisser la justice faire son travail sans interférence».
Le ministre de la Justice pense même que l’institution judiciaire est indépendante. Il fait au passage un aveu très grave : selon lui, des députés doivent être poursuivis en justice, si ce n’est l’immunité dont ils jouissent. Un aveu qui signifie que les autorités ferment les yeux sur les dépassements des députés. Ces derniers ont mis au défi le ministre et révèlent que, eux aussi, disposent de dossiers concernant des ministres.
«Le juge est indépendant. Il n’est pas sous la tutelle du ministère», insiste Louh qui a oublié qu’une petit chambre administrative a annulé, de nuit, une décision prise par le Conseil d’Etat !
Essaïd Wakli