Khalida Toumi, cible d’une campagne de dénigrement à cause de ses convictions religieuses

Redaction

La Ministre de la culture, Khalida Toumi subit, depuis plusieurs jours, une campagne de dénigrement sans précédant relative à des propos qu’elle a tenu il y a de cela… 18 ans.

Certains utilisateurs des réseaux sociaux se sont mis à critiquer l’ancienne militante de la cause féminine au sujet des déclarations faites par la concernée en 1995, à propos de ses convictions religieuses dans un livre entretien paru chez «Flammarion».

L’interview de la Ministre a été réalisée par la journaliste et écrivaine, native d’Alger, Elisabeth Schemla, rédactrice en chef du «Nouvel observateur» à l’époque des faits. L’intitulé du livre était : «Khalida Messaoudi, une algérienne debout». Schemla s’était intéressée à Khalida Toumi qui fut, à l’époque, un symbole du féminisme algérien, en raison de la détermination de cette dernière dans sa résistance envers l’islamisme. En 1995, les attentats terroristes, commis par des groupes islamistes radicaux, avaient déjà commencé.

Les Algériens vivaient dans la peur. Dans ce livre en question, «Khalida» a évoquée, entre autre, la condition de la femme, notamment dans le nouvel environnement socio-politique, le code de la famille et la représentations qu’ont les islamistes de la femme et aussi sa perception personnelle de la pratique religieuse. Par exemple, la Ministre a estimé, à l’époque, que la majorité des pratiques musulmanes sont beaucoup plus liées aux traditions et us des pays du Golfe plutôt qu’à des préceptes de l’Islam. Même si Khalida Messaoudi, alias Toumi, a «nuancé» son discours depuis – elle est Ministre depuis 2002 – il n’en demeure pas moins qu’apparemment les islamistes ne lui pardonnent pas ses positions de l’époque. Sinon comment expliquer cette campagne agressive qui réagit à des propos tenus pendant les années 90 alors qu’il n’y a aucun élément nouveau dans ces déclarations ? Pis encore, cette campagne ne se limite pas aux réseaux sociaux car la polémique s’est invitée désormais au Parlement. En effet, un député du parti Islah, un parti d’obédience islamiste, Abdelghani Boudebouz, a envoyé une correspondance au Président de l’APN dans laquelle il réclame la convocation de la Ministre de la culture à l’hémicycle afin qu’elle s’explique sur ces propos tenus à propos de l’slam,  religion d’Etat en Algérie.

Ainsi, au lieu de s’occuper des véritables préoccupations des citoyens, ces députés préfèrent polémiquer sur les convictions religieuses personnelles des ministres. Nos députés auraient, certainement, gagné en crédibilité si, par exemple, ils avaient réclamé une enquête parlementaire sur le scandale de corruption Sonatrach en particulier, et les détournements des deniers publics en général. Malheureusement, quand il s’agit de scandales liés à la corruption et la gestion de l’Etat, les «élus du peuple» font toujours la sourde oreille…

 

Elyas Nour