Parents d’élève: « La grève est illégale, les revendications sont futiles »

Redaction

Pour les parents d’élève, c’est la grève de trop. Le mouvement mené par une large partie des enseignants du secondaire depuis plus d’un mois suscite la colère des parents d’élève, qui accusent les professeurs en grève de prendre en otage leurs enfants. Dans une interview à Algérie-Focus, Khaled Ahmed, président de l’Association nationale des parents d’élève, dénonce une grève qui n’est « pas légale » parce que les droits des enfants priment sur ceux des travailleurs. Entretien.

Propos recueillis par Djamila OULD KHETTAB

Algérie-Focus : Partagez-vous le point de vue de la ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, estimant que la grève des enseignants, qui dure depuis maintenant plus d’un mois, est « illégale » ?

Khaled Ahmed : Oui, cette grève est parfaitement illégale. Le droit des enfants prime, en Algérie, sur celui des grévistes. En effet, les droits des enfants sont garantis par l’article 53 de la Constitution alors que le droit de grève n’est stipulé qu’à l’article 57. Et ce n’est pas normal que les enseignants choisissent cette période de l’année pour entamer une grève, à seulement quelques semaines du baccalauréat et au milieu des compositions de 2è trimestre. Surtout pour des futilités !

Les revendications des enseignants-grévistes sont, d’après vous, futiles ?

Bien sûr ! Leurs revendications sont futiles parce qu’il n’y a pas d’urgence à mettre en place un système de promotion automatique. Pour nous, les enseignants mènent une grève politique. Ils prennent en otage nos enfants au moment où l’Algérie traverse des difficultés avec le débat sur le gaz de schiste à In Salah, les mobilisations dans le Sud, notamment à Ouargla.

La promotion automatique n’a donc pour vous aucun sens …

Aucun ! La compétence doit primer sur l’ancienneté. Les postes de directeurs d’établissement doivent être attribués à des personnes compétentes, aucun doute là-dessus. Alors que les autres syndicats d’enseignants ont négocié chaque point avec les représentants du ministère le 8 mars dernier, le Cnapest a, lui, quitté la table des négociations au bout de 5 heures de discussion car le ministère de l’Education refusait catégoriquement leur revendication consistant à l’instauration d’un système de promotion automatique. Le paradoxe, c’est que le Cnapest avait refusé en 2008 la promotion automatique et aujourd’hui il la défend.

Etes-vous inquiet pour le déroulement du BAC 2015 ?

Il y a de quoi être inquiet bien que le ministère de l’Education distribue des CD aux élèves en terminale. On n’a pas d’autres alternatives que de recourir à des CD pour le moment. Mais, entendons-nous bien, ces CD ne remplacent pas les professeurs, comme il se dit. Il s’agit seulement d’une aide pour accompagner l’élève dans ses révisions. Si la grève dure et que le problème n’est pas résolu après les vacances scolaires, le ministère s’est engagé à faire appel aux enseignants retraités et à des contractuels pour effectivement remplacer les grévistes. C’est une autre solution.

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