Lakhdar Brahimi, porte-parole ou médecin officiel de Bouteflika ?

Redaction

C’est l’ancien ministre des Affaires étrangères, Lakhdar Brahimi, qui a volé au secours de Bouteflika, dans une tentative de rassurer les Algériens sur l’état de santé du chef de l’État, dont l’absence énigmatique alimentait les plus folles rumeurs depuis plus de deux semaines.

Dans une déclaration aux médias nationaux officiels, mercredi 8 octobre, à l’issue de d’une rencontre avec le Président de la République « pendant 2 heures de temps » (selon l’ENTV), Lakhdar Brahimi s’est réjoui de « l’amélioration » de l’état de santé de Bouteflika. Vraisemblablement, le diplomate s’érige en porte-parole, voire en médecin officiel du président.

Pourtant, les quelques séquences de l’audience diffusées par la télévision publique au JT de 20 H montraient un président très affaibli. A peine audible, il répondait à son hôte qui lui demandait comment il allait : « Rani (je vais, en derdja) beaucoup mieux ».

L’ancien secrétaire général adjoint de l’ONU n’est pas à son premier entretien avec Abdelaziz Bouteflika. Le 13 avril dernier, le jour même de la clôture officielle de la campagne présidentielle, à l’issue d’une audience avec le président-candidat, M. Brahimi avait souligné avoir constaté une « nette amélioration de l’état de santé du président de la République ». « Bouteflika est capable de briguer un quatrième mandat », semblait vouloir nous dire de manière diplomatique M. Brahimi.

Sa stature de diplomate onusien semble être pour beaucoup dans le nouveau rôle joué ces derniers mois par Lakhdar Brahimi. Dans une conjoncture internationale, régionale et nationale marquée par une déstabilisation sans précédent des dictatures et une propagation inquiétante des mouvements djihadistes, Brahimi vole à chaque fois que le contexte l’oblige au secours de Bouteflika. En effet, l’ex-ministre des Affaires étrangères est la personnalité qu’a le plus reçu le chef de l’État depuis le retour de celui-ci au pays, à la mi-juillet dernier, après une longue hospitalisation en France pour un accident vasculaire cérébral.

Ainsi, une première rencontre a regroupé les deux hommes en novembre 2013, soit moins de quatre mois après la rentrée de Bouteflika. Cinq mois plus tard, le 13 avril dernier, à quatre jours de la tenue de l’élection présidentielle, rebelote. Principal objet de discussion : le déroulement de la campagne électorale, dont la clôture officielle était prévue pour le jour-même à minuit. « La campagne électorale prendra fin aujourd’hui (ce jour-là, ndlr), mais à quel prix! Il y a eu des appels à la fitna, à l’intervention étrangère et des menaces », dénonçait le chef de l’Etat en présence de l’envoyé spécial des Nations unies et de la Ligue arabe pour la Syrie d’alors, cité par l’APS. « C’est cela la démocratie? », se plaignait le Président-candidat auprès de Brahimi.

A l’issue de cette audience, Lakhdar Brahimi avait souligné avoir constaté une « nette amélioration de l’état de santé du président de la République ». Cela sous-entendait que Bouteflika serait capable de se présenter à sa propre succession. Il soutenait également avoir « écouté avec attention » les propos du président-candidat sur le déroulement de la campagne électorale. Il affirmait en outre « appartenir à une génération fière de son pays et jalouse de son indépendance, une génération qui ne saurait accepter d’ingérence étrangère ». L’émissaire onusien était-il en train de rassurer le président-candidat de son soutien à sa candidature ? La question mérite d’être posée.

Une chose est sûre : Bouteflika a été bel et bien reconduit et il a accueilli de nouveau l’émissaire onusien démissionnaire, un peu plus d’un mois après sa reconduction pour un quatrième mandat présidentiel consécutif. Officiellement Lakhdar Brahimi, rendait visite à Bouteflika à l’occasion de « la fin de sa mission en tant qu’envoyé des Nations unies (ONU) et de la Ligue arabe pour la Syrie », selon la très officielle agence de presse.

Yacine Omar