L’après-Bouteflika fait-il craindre un retour à la violence en Algérie ?

Redaction

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L’après-Bouteflika continue de susciter les controverses et d’alimenter les polémiques. Mais cette fois-ci, des experts et politologues s’attendent à une transition délicate. Pis encore, Luis Martinez, Directeur de recherches au CERI-Sciences Po, et grand connaisseur de la scène politique maghrébine, croit savoir que l’après-Bouteflika fait craindre un retour à la violence. 

« L’après-Bouteflika fait craindre un retour à la violence en raison de la réapparition sur le devant de la scène de tous les hauts dignitaires qui avaient été contraints de démissionner sous sa présidence. Son agonie replonge l’Algérie dans l’incertitude et oriente de nouveau tous les regards vers l’armée, et surtout vers le DRS, dirigé depuis 1990 par le général de corps d’armée Mohamed Lamine Médiène », relève cet analyse dans une contribution publiée sur internet du Monde, le prestigieux quotidien français. D’après Luis Martinez, « derrière le rideau d’un régime stable se cache un constat inquiétant : hyperdépendance pétrolière, faiblesse des institutions, népotisme, système éducatif en piètre état, chômage massif des jeunes, corruption, terrorisme ». Luis Martinez n’hésite pas à citer le sociologue Zoubir Arous pour étayer ses propos : « La société algérienne est sur un volcan. Tous les ingrédients de la déflagration sont réunis. »

Mais malgré un tel contexte social et politique explosif, le régime algérien peut toujours « s’offrir le luxe de retarder les changements politiques que la région connaît et trouver de nouveau un équilibre dans cette instabilité » grâce à sa manne pétrolière qui garantit  au moins « 200 milliards de dollars (155 milliards d’euros) de réserves de change accumulées et un baril de pétrole à plus de 100 dollars », souligne encore Luis Martinez qui ne ferme pas toutes les portes à l’option d’une transition politique pacifique vers la démocratie. En effet, le spécialiste du Maghreb croit savoir que les décideurs de l’armée algérienne « peuvent aussi surprendre et, par exemple, considérer que, dans un environnement social et politique aussi explosif, il est temps de laisser les électeurs choisir librement leurs élus, même s’ils sont islamistes ». L’Algérie renouerait alors « avec sa transition politique interrompue il y a deux décennies. Mais reste à savoir si les dirigeants militaires sont enfin prêts à accepter les incertitudes qui accompagnent tout processus de démocratisation ? », conclut enfin le directeur de recherche au CERI.