Ils occupent des postes sensibles depuis des années. Ces « intouchables » ont été proches des réseaux d’influence du DRS dirigé par Toufik. Aujourd’hui, après la mise à la retraite du puissant général qui a régné pendant plus de 25 ans sur les réseaux de prise de décision en Algérie, ces hauts responsables sont en disgrâce. Pis encore, leurs noms figureraient sur une liste d’indésirables se trouvant sur le bureau du Président de la République, Abdelaziz Bouteflika.
Le sort de ces personnes sera prochainement scellé, soulignent nos sources, qui certifient que cette liste de hauts responsables qu’il faut « dégommer » au cours de ce grand ménage mené par la Présidence en cette période de « restructuration » n’est pas encore complète. D’autres noms vont être ajoutés dans la foulée des conciliabules qui se tiennent ces jours-ci à la Présidence. Les bilans de chaque haut cadre de l’Etat est dressé ainsi que ses agissements par le passé, ses relais dans l’administration, sa proximité avec le « pouvoir parallèle » des officiers du DRS, etc. Et, pour l’heure, on retrouve dans cette liste des personnages sulfureux à l’image du procureur général près la cour d’Alger, Belkacem Zoghmati.
Ce dernier traîne de nombreuses casseroles dans plusieurs affaires judiciaires bâclées et dans lesquelles des innocents ont été condamnées à cause de la position souvent idéologique de ce procureur général. Mais sa plus grande « casserole » est, sans doute, le mandat d’arrêt international lancé à l’encontre de l’ancien ministre de l’Energie, Chakib Khelil et qui n’avait abouti à aucune procédure d’extradition, puisqu’il a été invalidé par Interpol pour la simple raison qu’il s’était inscrit en contradiction avec les dispositions du code pénal algérien, dans la mesure où Belkacem Zoghmati n’avait pas respecté les articles 573 et 574 du code de procédure pénale en Algérie, selon lesquels lorsqu’un membre du gouvernement, un magistrat de la Cour suprême, un wali, un président de cour ou un procureur général près une cour, est susceptible d’être inculpé d’un crime ou d’un délit commis dans l’exercice ou par l’exercice de ses fonctions, le procureur de la République saisi de l’affaire, doit transmettre le dossier, par voie hiérarchique, au procureur général près la Cour suprême.
Belkacem Zoghmati n’avait pas respecté cette procédure. Il s’était précipité pour annoncer aux médias le lancement du mandat d’arrêt contre Chakib Khelil sans même vérifier s’il était conforme à la réglementation algérienne. Une erreur ridicule et absurde de la part d’un Procureur de la République. En vérité, Belkacem Zoghmati a agi suite à des instructions du clan du DRS qui voulait à tout prix casser le clan présidentiel. Et cette justice des clans a ridiculisé l’Algérie sur la scène internationale.
Cette justice a été longtemps instrumentalisée par le pouvoir parallèle du DRS avec Abdelmalek Sayah, lui aussi ancien Procureur de la République. Aujourd’hui, ce dernier est le directeur général de l’Office central de répression de la corruption. Il avait occupé également la fonction de directeur général de l’Office national de lutte et de prévention contre la drogue et la toxicomanie et procureur général de la République près de la Cour d’Alger. Abdelmalek Sayah compte aussi de nombreuses « tares » à cause de sa proximité assumée avec le clan des généraux « janvieristes » des années 90 et des officiers du pouvoir parallèle du DRS du général Toufik.
Ce pouvoir parallèle avait étendu ses tentacules jusqu’au Conseil national économique et social (CNES) en la personne de Mohamed Seghir Babès. Ce dernier avait participé à la manœuvre enclenchée par Ahmed Ouyahia contre le regretté Mohamed Salah Mentouri. Ouyahia n’appréciait pas que Mentouri ait pu publier des rapports contredisant les chiffres annoncés par son gouvernement lorsqu’il était à sa tête. Les notes de conjoncture du CNES de Mohamed Salah Mentouri étaient de véritables rapports détaillés et chiffrés qui éclairaient les Algériens sur le mode de fonctionnement de l’exécutif. Le CNES de Mentouri s’est vite retrouvé dans l’oeil du cyclone. Mentouri et ses principaux compagnons ont été écartés et l’institution transformé sous la direction de l’actuel président Mohamed Seghir Babès en une coquille vide qui se contente d’applaudir toutes les mesures prises par le gouvernement. Dans cette conjoncture difficile marquée par une terrible crise financière, la Présidence de la République a bien compris qu’il fallait un CNES fort et efficace pour servir de boussole dans cette mer agitée de la crise.
Même à la Présidence de la République, l’après général Toufik va changer la configuration de l’architecture décisionnelle. Des conseillers seront prochainement limogés ou remerciés. Ces conseillers avaient été désignés par Abdelaziz Bouteflika au nom d’un consensus avec le DRS, tel Kamel Rezzag Bara, monsieur Droit de l’Homme des généraux « janvieriste » et qui ne devra pas tarder à quitter son poste, puisque son principal parrain, le général Toufik n’est plus en haut de la pyramide.
Dans la sphère économique, plusieurs changements seront décidés d’ici la fin de l’année et des personnes comme le PDG de la BADR, Boualem Djebbar, promu et soutenu par les réseaux du DRS, sont sur cette liste des responsables à « remercier », d’autant que cette banque publique souffre de nombreux problèmes structurels et se retrouve embourbée dans plusieurs scandales de détournements de deniers publics. Le PDG de Sonelgaz, Noureddine Boutarfa, est aussi dans le collimateur. Mais son cas n’a pas encore été tranché, assurent nos sources.
En revanche, un grand mouvement de changements sera opéré dans le corps des attachés militaires à l’étranger comptant de nombreuses personnes faisant considérés comme des relais du DRS. Les organisations syndicales sont également visées et le cas d’Abdelmadjid Sidi-Saïd fait toujours débat à la Présidence. Ce personnage, en bon stratège, a toujours su jouer aux équilibristes pour pouvoir satisfaire tous les clans du régime.
Quoi qu’il en soit, cette liste de hauts responsables en disgrâce est appelée s’élargir et les changements décidés n’en sont qu’à leurs débuts. Un grand remue-ménage va marquer l’actualité algérienne et la redistribution des cartes au sommet du pouvoir algérien ne fait que commencer.