Les sectes religieuses deviennent un enjeu religieux et politique en Algérie. Un haut cadre du ministère des Affaires religieuses et des wakf s’est exprimé hier sur la Chaîne 3 de la Radio algérienne pour dénoncer la prolifération des mouvements sectaires dans le pays, notamment le ahmadisme.
«Ces sectes se démultiplient, elles se réorganisent. Le ministère des Affaires religieuses doit prendre ses précautions, parce que toutes ces tendances ont leurs sources à l’étranger, dans des pays qui ne sont pas obligatoirement amis de l’Algérie», a averti Mohammed Aïssa, inspecteur général du ministère des Affaires religieuses.
Mohammed Aïssa a particulièrement pointé du doigt trois grands courants jugés sectaires par les autorités : ceux dérivés du wahabbisme et du takferisme, ainsi que le ahmadisme. Le cadre du ministère des Affaires religieuses a d’ailleurs accusé ce dernier d’avoir «une interférence et une complicité avec des forces étrangères, notamment avec le sionisme international».
L’ahmadisme est un courant apparu au 19ème siècle dans le nord de l’Inde. Né en 1835 dans la région du Pendjan, Mirza Ghulam Ahmad est considéré par les adeptes de ce courant comme le second Messie et le «fils spirituel» du Prophète Muhammad (QQSL). «Mandaté par Dieu», il serait venu sur terre, «pour rétablir l’Islam dans sa pureté originelle et ainsi réunir et représenter toutes les religions révélées» selon des ouvrages ahmadis.
Ce courant a fait son apparition depuis moins d’une dizaine d’années en Algérie et touche particulièrement les jeunes. Mohammed Aïssa a souligné que les différentes sectes religieuses qui sont actives dans le pays ne pullulent pas dans les mosquées, contrôlées par le ministère des Affaires religieuses, mais dans les autres lieux de prière : «Elles se manifestent dans les campus universitaires, dans les moussala (salles de prière) des entreprises, dans les sous-sols des quartiers et dans les garages érigés pour l’apprentissage des langues et pour les cours de rattrapage». Ce qui facilite l’embrigadement des étudiants ou des jeunes travailleurs.