Depuis vendredi soir, la lettre du général Toufik est massivement commentée par la presse nationale. Elle enflamme également les réseaux sociaux. Le légendaire ancien patron du DRS a parlé. Enfin, il dit quelque chose. Mais pourquoi a-t-il parlé maintenant ? Pour défendre son ancien collaborateur, le général Hassan ? Pas seulement.
Oui, la lettre du général de corps d’armée à la retraite Mohamed Mediene dit Toufik ne peut pas être réduite à un simple plaidoyer en faveur du général Hassan. L’ancien responsable des services secrets algériens ne se contente pas dans sa lettre de réclamer la libération de son poulain, de son loyal soldat. Il réagit, d’abord et avant-tout, à une humiliation qu’il ressent depuis sa mise à la retraite. L’humiliation de se sentir coupable indirectement puisque le procès du général Hassan est, en réalité, le procès de sa propre gouvernance du DRS. L’affaire du général Hassan est une véritable humiliation pour le général Toufik dans la mesure où elle remet en cause la légalité des opérations placées sous son commandement. Cette affaire va jusqu’à mettre en doute le patriotisme du légendaire général et faiseur des rois en Algérie puisque la justice militaire reproche tout bonnement des « dérives » et des « abus » à l’un de ses plus proches collaborateurs. Le général Toufik avait-il mis en danger la sécurité du pays pour réussir des opérations clandestines aux objectifs mystérieux et inavoués ? C’est cette insinuation malsaine et terrifiante qui torture depuis plusieurs semaines l’homme qui a dirigé le DRS pendant 25 ans. Une mise en cause qui perturbe la tranquillité de sa retraite et l’empêche de tourner la page de toutes ces années de combat.
Dos au mur, le général Toufik réagit et contre-attaque. Il disculpe officiellement le Général Hassan et fait valoir la pertinence de son témoignage en tant que supérieur hiérarchique de cet officier condamné à 5 ans de prison. Il discrédite ainsi gravement la justice militaire et démontre clairement qu’elle verse clairement dans le règlement de comptes. Il renvoie « la balle de l’humiliation » dans le camp adverse et prend à témoin une opinion publique qui le considère toujours comme un mythe. Et quand un personnage mythique parle, il vole la vedette aux autres acteurs de l’échiquier politique.
Et le message du général Toufik est fort, très fort : le Général Hassan n’avait pas agi de sa propre initiative. « Je contrôlais tout et je supervisais tout », semble vouloir nous dire le mystérieux général. « Le DRS, c’était moi », nous insinue-t-il clairement. La justice militaire doit donc revoir son jugement et son procès. Elle se retrouve dans l’obligation de prendre en considération la réaction de cette « bête blessée ». Le général Toufik a, certainement, perdu son pouvoir. Et il le confirme bel et bien dans sa lettre. Mais il refuse de perdre son honneur. Ahmed Gaïd Salah et Abdelaziz Bouteflika sont avertis.