Le silence de Bouteflika nourrit le web algérien

Redaction

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Depuis trois semaines, l’état de santé du président Abdelaziz Bouteflika est devenu un sujet omniprésent en Algérie, mais aussi à l’étranger. Récurrent dans les médias autant que sur le web social, presse écrite, journaux télévisés, commentaires sur internet, tweets et posts Facebook ne cessent de remettre le sujet sur la table. La table n’a d’ailleurs jamais été aussi bien servie qu’en ce début de semaine : rumeurs contradictoires, censure, interrogations. On ne sait rien mais on ne cesse d’en parler.

Des rumeurs qui se courent après

Ces derniers jours, l’actualité médicale, devenue hautement politisée, du président algérien a fait couler beaucoup d’encre. Vendredi, le ministre de l’Aménagement du territoire Amara Benyounes affirmait qu’Abdelaziz Bouteflika (qui s’était fait hospitalisé le 27 mai à l’hôpital du Val-de-Grâce pour un mini AVC selon la version officielle) allait «bien». Samedi, le quotidien El Watan arborait un bandeau noir en Une et écrivait : «c’est grave : des fonctions vitales seraient atteintes», faisant référence à des informations détenues par l’hebdomadaire français Le Point. Dans la soirée, des membres de la famille de Bouteflika se rendaient à Paris de manière précipitée.

Personne ne sait donc quelle est la condition physique du président Algérien et aucun communiqué officiel ne sort pour infirmer ou affirmer la véracité des bruits de couloir qui paraissent dans la presse et qui vont bon train sur internet. Les réseaux sociaux se font le relais ou la critique des déclarations et rumeurs qui circulent. Certaines personnes estiment qu’Abdelaziz Bouteflika est décédé ou en très mauvaise condition. D’autres croient encore au rétablissement du président et à un éventuel quatrième mandat. Tandis qu’une partie des utilisateurs de twitter ne s’avancent pas nécessairement sur la gravité de son état mais dresse déjà le bilan de ce président comme on le ferait d’un homme qui n’est plus au pouvoir :

L’affaire Hichem Aboud : une censure sur l’état de santé du président algérien ? 

Dimanche, ce n’est plus simplement le black-out sur l’état du président que l’on déplore mais la censure. Deux titres de presse, Mon journal et Djaridati, auraient été interdit d’impression le matin pour une Une consacrée à un dossier sur une « détérioration » de l’état de santé du président algérien en citant «des sources médicales françaises et des proches de la présidence algérienne.»

A la suite de la diffusion de cette information par les médias en ligne, les commentaires des lecteurs étaient partagés. Certains ont crié à la censure : «On se croirait en Russie ou en Chine, elle est où la liberté de la presse ?», pouvait-on lire en commentaire d’un article de presse. Tandis que d’autres ont dénoncé «un coup médiatique» de la part des deux journaux qui ne sont pas parus dimanche.

Quant à Hichem Aboud, le chef de la publication de Mon Journal et de Djaridati, il a été inculpé quelques heures plus tard «pour atteinte à la sécurité de l’Etat, à l’unité nationale et à  la stabilité et au bon fonctionnement des institutions». Le Procureur d’Alger justifie ainsi l’information judiciaire : «Les propos tendancieux tenus sur certaines chaînes d’information étrangères, dont France 24, par le dénommé Aboud Hichem, sur l’état de santé du président de la République selon lesquels il se serait dégradé allant jusqu’à déclarer que le chef de l’Etat serait dans un état comateux» et «l’impact négatif direct de ces rumeurs sur l’opinion publique nationale et internationale».

Les réactions algériennes sur la toile ont oscillé entre solidarité avec cet ancien capitaine du DRS et approbation avec le motif d’inculpation. «Voilà que des scribouillards comme ce Aboud Hichem se mettent à table comme d’habitude devant les télés étrangères pour distiller des informations invérifiables, mais qui pourraient avoir des conséquence fâcheuses sur la stabilité du pays», a par exemple commenté un lecteur sur internet.

Abdelaziz Bouteflika de retour en Algérie ? 

Dimanche soir, de nouvelles informations ont été publiées par le site NessNews. Selon leurs sources, le président Abdelaziz Bouteflika serait rentré dans sa résidence d’Alger et aurait «quitté le Val-de-Grâce à la fin de la semaine dernière ». La suite du feuilleton est pour bientôt.