Un attentat aurait été orchestré contre le vice-ministre de la Défense et chef d’Etat Major de l’armée Ahmed Gaid Salah et une dizaine d’autres hauts gardés de l’ANP durant une visite de travail à l’Est du pays. Cette information, publiée par le site d’information Mondafrique dirigé par le journaliste d’investigation français Nicolas Beau, a été largement diffusée sur les réseaux sociaux où elle a suscité l’inquiétude de nombreux Algériens. Nous avons essayé de joindre le Ministère de la Défense nationale (MDN) pour le faire réagir et obtenir des éclaircissements. Malheureusement, aucune suite favorable n’a été accordée à nos requêtes.
Et pourtant, si cette information s’avère exacte, cela signifie que l’Algérie risque de replonger dans les méandres des années 90 avec leur lot d’assassinats politiques et de règlements de comptes. Cependant, la lutte incessante pour le pouvoir dans les cercles des hautes sphères de l’État peut-il aboutir à de telles tentatives d’assassinat ?
La question se pose avec beaucoup d’acuité au regard de l’intensité des attaques médiatiques entre les différentes composantes du régime algérien. En tout cas, pour « Mondafrique », cette tentative d’attentat serait bel et bien liée à « la guerre des clans » qui se poursuit encore au sein du régime algérien. Toutefois, fomenter un attentat à la bombe pour cibler dix-sept membres de l’état-major algérien, comme le rapporte Mondafrique, constituerait un dérapage sans précédent surtout si l’on sait que deux cibles sortent du lot. La première n’est autre que le vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah, qui s’est distingué depuis ces trois dernières années par son acharnement à démanteler plusieurs directions du Département de renseignement et de sécurité (DRS). Une campagne méthodiquement orchestrée qui a fini par payer puisque la quasi-totalité des anciens officiers formant la colonne vertébrale de la machine que fut le DRS ont été mis à la retraite, écartés et donc « neutralisés ».
Ces derniers auraient-ils décidé de se venger en orchestrant des attaques armées ? Cette lugubre théorie circule massivement dans de nombreux cercles proches des appareils sécuritaires. Et même si aucun élément ne peut l’accréditer, le doute demeure surtout lorsque Mondafrique nous apprend que le général Abderrezak Chérif, le commandant de la région militaire d’Ouargla, et fidèle parmi les fidèles du vice-ministre de la Défense, aurait été la deuxième cibles de cette tentative d’attentat. Ce général serait, selon les témoignages de plusieurs sources, derrière la mise en cause et le discrédit jeté sur le général Hassan dans sa gestion jugée « unilatéraliste » de la prise d’otages d’In Amenas en 2013.
Une guerre de clans qui dégénère en liquidations physiques ? Face à cette information dangereuse, le MDN a préféré adopter sa traditionnelle position d’inertie. Aucune confirmation, aucun démenti, aucune réaction. Une telle attitude ne peut que renforcer le malaise général qui prévaut en Algérie depuis le fameux incident de la Résidence Présidentielle de Zéralda où des informations ont laissé croire qu’une tentative d’assassinat avait visé Abdelaziz Bouteflika. Trois généraux ont été démis de leurs fonctions à la suite de cet événement sur lequel nous n’avons jamais pu connaître la vérité.
On est donc en droit de s’interroger aujourd’hui sur la dimension que peut prendre cette guerre entre des clans au sein de l’armée et des appareils sécuritaires. Quel sera l’avenir de l’Algérie à l’ombre de ces affrontements qui peuvent coûter des vies humaines ?
Massinissa M.