Alors que les manifestations ont repris cet après-midi à Tizi-Ouzou, des questions plus au moins sérieuses se posent. Surtout que la répression, qui a causé des dizaines de blessés, survient juste au lendemain de l’élection présidentielle. En plus, l’interdiction d’une marche pacifique est une première en Kabylie, une région qui a toujours marché sans interdiction.
Pour ne rien arranger à la situation, la wilaya de Tizi-Ouzou a rendu public un communiqué pour s’en laver les mains. L’administration locale estime que « l’interdiction d’une marche est un procédé révolu qui relève d’un autre âge ». Pis encore, alors qu’on lui reproche d’avoir tenté d’empêcher une marche à priori pacifique, la wilaya rejette la responsabilité sur les organisateurs qui « ne se sont pas entendus sur l’itinéraire » de la manifestation. Plus grave encore, lorsqu’on demande aux responsables de justifier la forte présence policière, l’administration explique qu’il s’agit de « encadrer la manifestation ». L’argument est trop peu convaincant d’autant plus que c’est la première fois qu’une marche commémorative de l’anniversaire du Printemps berbère ait été empêchée en Kabylie.
Il y a à peine 5 jours, le RCD avait organisé une manifestation dans cette ville sans qu’une seule vitre ne soit brisée et qu’aucun blessé ne soit déploré. La question de fond qui mérite d’être posée est celle de savoir pourquoi est-ce que, soudainement, les autorités ont décidé d’empêcher une marche qui a toujours été pacifique ? S’agit-il d’une manière de punir les acteurs politiques d’un mouvement local ? D’une manipulation entre services ou tout simplement une décision aventurière ? Dans tous les cas de figure, ceux qui ont donné ordre d’empêcher cette manifestation ont rallumé le feu dans une région qui n’a toujours pas pansé ses blessures suite aux manifestations du début des années 2000. La question est beaucoup plus pertinente lorsqu’on sait que la même manifestation a été « tolérée » à Béjaïa et Bouira.
Essaïd Wakli