Les élections présidentielles d’avril n’étaient pas transparentes. Le constat a été fait par plusieurs partis algériens. Mais un rapport de la mission d’observation de l’Union européenne vient de conforter cette thèse. Le document, révélé par El Watan dans son édition de mercredi, a longtemps été « caché » sur demande des autorités algériennes. Et pour cause ! Il contient des critiques acerbes sur le déroulement du scrutin présidentiel.
«Au vu de l’absence de traçabilité dans l’établissement des résultats, il apparaît difficile, à ce stade, de se prononcer sur la crédibilité des chiffres annoncés par le Conseil constitutionnel», note en effet le document qui ajoute que «la procédure d’établissement des résultats de l’élection continue de manquer de transparence : la mise à la disposition d’une copie des procès-verbaux de dépouillement et de consolidation des résultats aux représentants des candidats ne suffit pas à garantir la transparence du processus ; celle-ci étant considérablement limitée par l’absence d’une réelle traçabilité des résultats», indique le rapport.
Pour la commission de l’Union européenne, le manque de crédibilité de l’élection présidentielle ne date pas du jour du scrutin. Cela remonte à plus loin. Il pointe du doigt l’ambiance qui a précédé les élections. Les enjeux du scrutin présidentiel sont «principalement concentrés autour de la candidature du président sortant à un quatrième mandat, participant à une contestation plus globale du ‘système Bouteflika’. Tout d’abord, le Président, au pouvoir depuis 1999, est affaibli par des problèmes de santé depuis la mi-2013. Absent physiquement depuis le dépôt de sa candidature jusqu’à la fin de la campagne, nombreux sont les interlocuteurs de la Mission qui doutaient de sa capacité à être candidat et donc à assurer une nouvelle fois la charge de chef de l’Etat». Le document remet en cause l’indépendance de l’instance de préparation de l’élection, l’administration et la Justice.
C’est d’ailleurs ce que relève Ali Benflis dans son « livre Blanc » sur la fraude. L’ancien candidat à l’élection présidentielle rend d’ailleurs public un communiqué dans lequel il dit que ce rapport « affligeant » révèle que « toutes les instrumentalisations et toutes les manipulations frauduleuses dont a fait l’objet ce scrutin viennent s’ajouter au constat établi par « The Electoral Integrity Project » et qui a valu à notre pays d’être classé à la peu honorable 103éme place du point de vue de la transparence, de la régularité et de la sincérité des processus électoraux.
Essaïd Wakli