« L’Etat français aide son cinéma. Il faut le développer chez nous » estime Khalida Toumi

Redaction

Invitée du forum culturel d’El Moudjahid, la ministre de la Culture algérienne, Khalida Toumi a présenté les grandes orientations politiques de son ministère. Le secteur culturel est loin de se porter à merveille en Algérie, mesures et projets sont donc nécessaires à son développement.

Khalida Toumi a tenu un long discours qui se voulait pédagogique afin d’expliquer la politique culturelle de son ministère, un concept qu’elle a souhaité tout d’abord définir. «Une politique culturelle, c’est d’abord des objectifs clairs à atteindre à l’issue desquels on met en place un ensemble d’encadrements juridiques, lois décrets, arrêtés avec la création d’un ensemble d’établissements et d’institutions culturelles et un encadrement humain qui nécessite des budgets», a-t-elle déclaré.

La culture par les livres

La ministre a ensuite détaillé le programme mené depuis plusieurs années par le gouvernement dans le domaine culturel. Son propos s’est articulé autour de deux grands axes : le livre, le cinéma et le patrimoine. Son ministère a donc pour objectif de «développer toute la chaîne du livre avec pour objectif primordial de l’État algérien de permettre au livre d’atteindre le citoyen parce que dans cette politique, il y a deux éléments fondamentaux comme le droit du citoyen d’accéder à la culture, à savoir le droit d’accès à un Smig culturel qui est un droit constitutionnel». Pour que l’accès aux livres soit garanti à tous les citoyens algériens, un projet de grande ampleur a été entamé depuis 2006 : ouvrir au moins une bibliothèque dans chaque commune. Dans le domaine de l’édition, Khalid Toumi a rappelé qu’il n’y avait que 40 maisons d’édition en 2002, et que le pays en compte aujourd’hui 320.

Les financements de la politique de soutien au livre proviennent du «Fonds de développement des arts et des lettres» (FDAL) qui est lui-même alimenté par une partie du budget de l’Etat et des taxes provenant de la loi de finances.  «Alger, capitale de la culture arabe» a été l’événement déclencheur d’une nouvelle politique culturelle en 2007 qui a mené à l’achat de 3,2 millions de livres. Quant au secteur de la distribution, qui est insuffisamment développé, des discussions sont en cours au niveau de secrétariat général du gouvernement. La ministre de la Culture a rappelé sa volonté d’«instaurer le prix unique du livre, partout en Algérie» et de fournir des aides à l’émergence de librairies privées.

La culture par le cinéma

Depuis les années 1990, le cinéma algérien est entré dans un état de léthargie. Années de terrorisme, libéralisation et importation massive de films américains, notamment par la vente de DVD gravés, ont contribué au ralentissement du secteur cinématographique national. L’objectif est donc de relancer la production de films algériens. En 2010, le ministère de la Culture a difficilement fait passer une loi de finances pour faciliter les procédures administratives des producteurs et réalisateurs qui veulent investir dans le cinéma. Mais, malgré cette loi, les acteurs privés n’investissent pas assez dans le domaine, selon Khalida Toumi. Selon elle, aucun film algérien ne verrait le jour sans les investissements publics qui transitent par le Fdatic (Fonds d’aide à la production cinématographique). Sur les 52 scenarii reçus en 2012, le Fsatic en a retenu 25. «Un fonctionnement qui ressemble à s’y méprendre à celui du CNC français», estime la ministre de la Culture. «Il faut méditer sur l’exemple français. C’est le modèle que nous défendons. L’Etat français aide son cinéma. Il faut le développer chez nous», a ajouté Khalida Toumi.

La culture par le patrimoine

Le troisième domaine dans lequel le ministère de la Culture investit est celui du patrimoine. Khalida Toumi a évoqué le plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur de la Casbah d’Alger. Adopté par décret en janvier 2012, le plan a eu l’aval de l’Unesco. Mais la ministre de la Culture justifie la non-action, pour le moment, de son département en déclarant que ce qui rend la tâche ardue ce sont les gens qui squattent ou habitent ce «secteur vivant», l’habitat n’étant pas du ressort de son ministère.

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