Amnesty International a présenté jeudi à Alger son rapport annuel sur la situation des Droits de l’Homme dans le monde en 2013. Titré « Les droits de l’Homme sans frontières », ce rapport dresse un triste bilan de l’année écoulée, notamment en ce qui concerne la question des réfugiés et des immigrants. Si la situation reste « stable » en Algérie, encore beaucoup d’efforts restent à produire, notamment en matière de liberté d’expression et d’association.
En 2012, pas moins de 102 pays au monde ont brimé la liberté d’expression, avance Amnesty International dans son dernier rapport présenté jeudi à l’hôtel Hilton d’Alger. Une liste sur laquelle figure l’Algérie. Dans le collimateur de l’ONG : le nouveau code de l’information, entré en vigueur en 2012. Amnesty International considère ce dispositif comme «liberticide ». Pour ces ardents défenseurs des droits de l’Homme, le pouvoir algérien exerce encore aujourd’hui un trop fort contrôle sur la liberté de parole dans le pays, favorisant un journalisme d’allégeance. Régulièrement, les professionnels de l’information sont inquiétés dans le cadre de leur travail et poursuivi pour diffamation. A l’instar d’un journaliste de la Nouvelle République, qui a récemment écopé d’une peine de 2 mois de prison pour diffamation, indique Ali Yemloul, le Président du bureau algérien d’Amnesty International. Autre exemple récent en date : l’ouverture d’une enquête contre Hichem Aboud, directeur de la publication de deux quotidiens interdits de parution dimanche dernier, pour atteinte à la sûreté et l’intégrité du pays, le Parquet d’Alger n’ayant pas apprécié ses déclaration sur l’état de santé du Président Abdelaziz Bouteflika.
« Où sont les droits de l’Homme dans ce pays ? »
Les journalistes ne sont pas les seuls à faire les frais d’un contrôle étroit du régime sur l’expression. Militants, syndicalistes et chômeurs, rassemblés lors de protestations sociales, ont été à plusieurs reprises dispersés au cours de l’année passée, assure le Président d’Amnesty International Algérie. A l’image de la mésaventure vécue par un groupe de 96 activistes, emmenés par Hacène Ferhati, un responsable de l’association SOS Disparus, en mars dernier. En route pour le Forum social mondial à Tunis, ils ont été « refoulés » par les autorités algériennes à la frontière avec la Tunisie, « sans aucune explication ». « On a passé 4h dans le bus à attendre de pouvoir passer », raconte Hacène Ferhati, qui explique que son association a déposé plainte auprès du groupe de travail sur les disparus forces ou involontaires des Nation Unies. « Si on est des criminels ils n’avaient qu’à nous arrêter ! Où sont les droits de l’Homme dans ce pays ? », s’est indigné Hacène Ferhati, en marge de la conférence de présentation du rapport du dossier annuel d’Amnesty International.
Sur la question de la pratique de la torture en Algérie, l’ONG a préféré prendre des pincettes. Prudent, le Président Ali Yemloul explique qu’Amnesty n’est pas en mesure de rendre public son rapport à ce sujet car les informations recueillies « n’ont pas encore été vérifiées ».
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