De grands blessés libyens ont la possibilité de venir se soigner en Algérie en passant par la frontière terrestre, fermée pour des raisons sécuritaires depuis un an et demi.
C’est l’une des frontières les plus dangereuses, instables et surveillées du monde. Le long de la frontière terrestre séparant l’Algérie et le Libye, le niveau d’alerte reste maximal depuis le printemps 2014, lorsque le pays, autrefois gouverné d’une main de fer par Mouammar Kaddafi, a sombré dans le chaos. Une coalition de milices hyper-armées avait alors pris le contrôle de Tripoli et son aéroport, contraignant l’Algérie à décréter la fermeture de ses quelques 1.000 km de frontière avec la Libye, dans le but d’éviter des intrusions terroristes et l’extension du trafic d’armes sur son sol.
Jusqu’à aujourd’hui, l’Etat algérien n’envisage toujours pas de revenir sur sa décision, étant donné l’instabilité chronique qui déstabilise le voisin maghrébin depuis la chute de Kaddafi. « Tant que l’Etat libyen ne sera pas doté d’institutions et d’un gouvernement central reconnu par les différentes parties en guerre, et nous y travaillons, l’Algérie ne compte pas rouvrir sa frontière terrestre avec la Libye », confirme une source diplomatique, qui a requis l’anonymat.
Sur le terrain, les violences demeurent quotidiennes malgré les efforts diplomatiques consentis. Sursaut d’espoir, le 11 juillet dernier, lorsque des parties libyennes ont paraphé un premier accord de paix et de réconciliation, clôturant plusieurs mois de pourparlers conduits sous l’égide de l’ONU, à Alger notamment. Cet accord est censé aboutir à l’arrêt des combats et l’établissement d’un gouvernement d’union nationale dans un pays qui compte, depuis un an et demi, deux gouvernements. Les illusions se sont rapidement évaporées. Le ministère des Affaires étrangères italien annonçait, le 20 juillet dernier, l’enlèvement de quatre de ses ressortissants près de Tripoli.
Opération humanitaire
Dans le chaos libyen, l’Algérie fait toutefois des exceptions. Certains grands blessés libyens ont été autorisés à se rendre en Algérie pour subir une opération chirurgicale urgente depuis la fermeture de la frontière terrestre. « À titre exceptionnel et pour des considérations seulement humanitaires, certains malades traversent la frontière. L’Algérie a le sens de la solidarité et de la compensation, elle ne va pas fermer sa porte à des personnes nécessitant une opération chirurgicale », explique une source sûre, sans préciser comment sont « sélectionnés » les patients et de quand datent ces opérations humanitaires. « Une fois qu’ils sont soignés, ils rentrent chez eux », conclut notre source.