Les résultats des élections locales ont dévoilé, une nouvelle fois, que les partis islamistes sont en recul dans notre pays. L’islamisme politique amorce-t-il son déclin en Algérie ? La question revient sur toutes les lèvres. A ce sujet Nacer Djabi, professeur de sociologie politique à l’université d’Alger, est catégorique. D’après lui, « l’islamisme qui participe au jeu politique depuis des années n’incarne pas le changement ».
Dans un entretien accordé au quotidien El Watan, Nacer Djabi, a estimé que l’islamisme politique en Algérie est en crise et ne séduit plus les foules. « C’est l’islam politique des couches moyennes pieuses qui est un islam assimilationniste qui cherche à se rapprocher des centres de la rente. La seule différence entre les islamistes «officiels» et leurs concurrents et les autres couches est qu’ils veulent manger halal. Alors que le citoyen, contrairement aux tenants de cet islam politique, veut un changement parfois radical », décrypte Nacer Djabi qui nuance, plus loin, tout de même ses propos puisqu’il finit par reconnaître que l’islamisme politique « a pu préserver ces positions dans un paysage politique, dont les élections ne servent qu’à reproduire la stagnation politique ».
Rappelons enfin que les résultats des élections locales « traduisent surtout l’affaiblissement des partis islamistes », ont relevé de nombreux observateurs avertis dans les colonnes de la presse nationale et internationale. Même l’alliance des partis islamistes n’a pas pu obtenir plus de 10 communes, sur les 1541 du pays. Et pourtant, en 2007, le MSP, Mouvement de la société pour la paix, le principal parti islamiste en Algérie depuis la dissolution du Front Islamique du Salut en 1992, « avait conquis à lui seul 16 mairies ». Les Algériens ne veulent donc plus de l’islamisme politique ? Il est encore difficile de répondre avec précision à cette question au regard de la complexité de la situation politique en Algérie. Mais une chose est sûre : le courant islamiste a enregistré lors de ces élections locales ses plus mauvais résultats depuis le début du multipartisme en 1990.