La destitution d’Abdelaziz Bouteflika par l’armée ne serait pas forcément illégale. Selon un ancien juge, cette opération est même salutaire.
Selon l’ancien juge, Abdellah Haboul, une intervention de l’ANP dans le processus politique serait plutôt une correction de l’erreur commise depuis 1962. L’armée « a arrêté le temps en 1962 et nous a imposé le parti unique ; elle a suspendu le processus électoral et fait les présidents, son intervention aujourd’hui devient un devoir », indique l’ancien magistrat dans une interview accordée au journal El Watan. « Elle est responsable de tous les choix politiques, économiques et sociaux depuis l’été 1962 et les problèmes qui en ont découlé. L’armée est appelée à corriger cette situation dont elle est responsable. Elle doit redresser et assainir le pays pour son salut, et ensuite garantir un projet de transition pour refonder l’Etat démocratique et social conformément aux idéaux du 1er Novembre », ajoutera le juriste qui poursuit que les appels lancés par l’opposition à l’intervention de l’armée pour pousser Abdelaziz Bouteflika à renoncer au pouvoir « sont justifiés et légitimes sur les plans politique et moral, et sur le plan du droit aussi parce que c’est du devoir de l’armée de défendre la souveraineté nationale ».
Depuis quelques semaines, des personnalités nationales et politiques appellent l’armée à assumer ses responsabilités en poussant le chef de l’Etat à démissionner. Mais l’ANP a rejeté ces appels et explique qu’elle s’en tient à ses « missions constitutionnelles ». Du moins pour l’instant.
Rania Aghiles