L’Algérie n’a jamais rompu contact avec le mouvement Ansar Edine, qui occupe une bonne partie du Nord du Mali. L’information, souvent donnée sous couvert d’anonymat, est désormais confirmée par le groupe islamiste lui-même.
« Les contacts avec les autorités algériennes n’ont pas été interrompues, ne serait‑ce que pendant 24 heures. Nos délégations se sont souvent rendues à Alger », a déclaré, Sanda Ould Bouamama, le porte-parole du mouvement Ansar Edine dans une interview accordée au site Tout sur l’Algérie. Le responsable du groupe islamiste a donc confirmé que ces contacts se sont déroulés dans le cadre de ce que l’Algérie qualifie de « solution politique » à une crise multidimensionnelle. Selon lui, l’Algérie « a su surpasser des difficultés et régler des problèmes plus difficiles et compliqués que le notre. Elle a toujours trouvé une solution. Certains ne voudraient pas la laisser jouer son rôle dans la région ».
S’il nie tout lien avec Aqmi, le responsable de Ansar Edine ne semble pas vouloir renoncer à son projet d’instaurer la chariaâ dans cette partie du territoire malien. « Nous sommes un mouvement islamiste qui a décidé de porter les armes pour faire appliquer la charia dans le nord du Mali et pour arracher les droits de la population de l’Azawad. Je ne pense pas qu’on puisse blâmer un musulman parce qu’il voudrait appliquer la charia », a-t-il dit.
Ces contacts entre les autorités algériennes et le mouvement Ansar Edine ne datent pas d’aujourd’hui. Le ministre des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a déclaré récemment sur France24 que le dialogue doit être noué avec tous les groupes qui activent dans le Nord du Mali « y compris Ansar Edine ». Car, il ne faut surtout pas oublier que le chef de ce groupe extrémiste islamiste, Iyad Ag Ghali, était auparavant un cadre du MNLA (Mouvement national pour la libération de l’Azawad). Il avait, à ce titre, participé à plusieurs reprises à des négociations avec l’Algérie. Ses adversaires le surnomment d’ailleurs de « l’homme des Algériens ».
La question qui reste posée est celle de savoir si ce groupe répondra aux exigences algériennes de renoncer au terrorisme et au crime organisé. La réponse semble positive dans le mesure où, pour l’Algérie, cette attitude est condition sine et qua non à toute discussion. Cela s’ajoute à un autre préalable : accepter de négocier dans le cadre de l’intégrité territoriale du Mali.
Contrairement aux Algériens, les Français considèrent ce groupe comme entité terroriste. Ce que réfute Ansar Edine.
Ce sont d’ailleurs ces explications, qui prouvent la complexité de la crise malienne, que les Algériens ont fournis aux Américains. Ces derniers semblent être relativement convaincus, à en croire le rapport rendu public par le Département d’Etat après la visite de Hillary Clinton à Alger lundi dernier.
Essaïd Wakli